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DES ARCHITECTES FRANÇAIS.


général Bonaparte. Devenus les architectes du Premier Consul, et plus tard de l’Empereur, ils restaurèrent les châteaux de la Malmaison, de Saint-Cloud, de Compiègne, de Versailles, de Fontainebleau, de l’Élysée, du Louvre et des Tuileries ; les résidences souveraines de Lacken, d’Anvers, de Brulh, de Mayence, de Strasbourg, de Rome, de Florence, de Venise, etc. C’est à Fontaine et Percier qu’on doit le dégagement du château des Tuileries, le percement de la rue de Rivoli, la fontaine de Desaix, place Dauphine, qui mérita le prix décennal d’architecture en 1810 ; le grand escalier du Musée, malheureusement détruit dans ces dernières années ; l’Arc de Triomphe du Carrousel. Mais le plus vaste plan qui ait occupé l’imagination de ces artistes fut sans doute celui de cette résidence impériale qu’on voulut élever d’abord à Lyon, dans le faubourg de Perrache, et dont on fixa ensuite la place sur les hauteurs de Chaillot[1]. En 1814, Percier, dont la santé était déjà altérée par sa longue assiduité au travail, et qui avait

  1. Cette résidence gigantesque, semblable aux palais d’Orient, qui sont des villes, devait embrasser dans son immense enceinte toute la plaine de Passy et le bois de Boulogne, qui, étendu jusqu’aux rives de la Seine, en eut formé le grand parc. Elle allait toucher d’un côté à Passy, de l’autre à la porte Maillot et à l’Arc de Triomphe de l’Étoile. Le château de la Muette était transforme en vénerie, Bagatelle devenait un simple rendez-vous de chasse. De l’autre côté, le palais du roi de Rome se reliait avec l’École Militaire et les Invalides, atteignait Vaugirard et couvrait la plaine de Grenelle. Dans ce champ immense s’accumulaient des édilices de tous genres, archives de l’État, palais des Arts, palais de l’Université, des habitations pour les savants, les professeurs émérites et les hommes célébrés, etc. Et, par un mélange bizarre, à côté de ces monuments héroïques s’élevaient des bâtiments d’une destination beaucoup plus humble, des dépôts de sel et de tabac, des hôpitaux et des abattoirs ; de telle sorte que comme le dit Fontaine, le Gros-Caillou et la plaine de Grenelle seraient devenus la ville nouvelle et le quartier des monuments.