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d’Alger et fit, pour son diocèse, un projet de grand séminaire. Il mourut à Caen le 22 avril 1866[1]. (Rens. part.)


HAUBERAT. Robert de Cotte ayant été chargé de nom-

  1. J’ai connu Harou-Romain à Cologne, en 1840. Nous étions un jour tous deux en face de l’église des Saints-Apôtres, occupés à dessiner et préoccupés en même temps de nous-mêmes, lorsque, flairant en moi un architecte, et peut-être un compatriote, il m’aborda et me tendit la main. La connaissance fut bientôt faite. Plus tard nous nous retrouvâmes aux réunions de la Société centrale des architectes ; c’était après 1848, à un de ces moments où les idées de réforme et de progrès sont à l’ordre du jour. Il venait de provoquer, de la part de la Société, une étude sur l’assainissement des logements insalubres ; une commission fut élue à ce sujet et nous fûmes appelés tous deux à en faire partie. Une bonne occasion s’offrait ainsi à nous de faire plus ample connaissance et d’entamer des relations plus suivies. Je n’eus qu’à m’en féliciter. Pauvre Harou-Romain, quelle bonne et généreuse nature était la sienne ! Intelligent, instruit, lettré, plein de jeunesse encore et d’enthousiasme, sa plus grande passion, après celle de la famille, était l’amour du bien et du beau, et cette passion devait lui coûter cher. Nous étions alors, à la Société centrale des architectes, un petit groupe de bons camarades, dont les âges ne s’accordaient guère, dont les tendances d’esprit différaient sans doute, mais qu’unissait fortement un lien commun : les bonnes intentions. Sans parler d’Harou-Romain, il y avait là Garnaud, Constant-Dufeux, Gounod, Danjoy, Le Poitevin, Horeau, nos aînés, les vieux, comme nous les appelions irrévérencieusement, mais qui étaient pleins de jeunesse par les illusions qu’ils avaient conservées. Parmi les plus jeunes par l’âge se trouvait Achille Lucas, le malin et bouillant Achille, esprit net et pratique, dont le bon sens ramenait, toujours en riant, à la réalité les vieux enthousiastes, mais, hélas ! pour un temps seulement ; témoin cet incorrigdtle Harou-Romain, qui dépensa généreusement trente ans de sa vie au triomphe de la réforme pénitentiaire, et qui n’arriva qu’à ce triste résultat : la ruine, car il avait follement sacrifié les affaires lucratives à l’étude de cette question. On le voit, les excellentes qualités de cet honnête homme lui furent plus funestes qu’à tant d’autres leurs défauts !