beaucoup de lui. Vraiment il n’avait point à se plaindre du sort. La conquête du monde qu’il avait entreprise n’était pas achevée, tant s’en faut ; elle commençait à peine. Mais, en un an, depuis le départ de Hambourg, quel chemin parcouru !
Une jeune fille remarquablement douée pour les lettres et les arts, qui le vit alors à Leipzig, Hedwige Salomon (qui devait épouser plus tard Franz von Holstein) le dépeint ainsi : « Hier (4 décembre 1853) monsieur Von Sahr m’amena un jeune homme qui tenait à la main une lettre de Joachim… Il s’assit en face de moi, ce jeune héros du jour, ce messie annoncé par Schumann ; blond, d’apparence délicate ; et malgré ses vingt ans il a les traits déjà bien formés, quoique purs de toute passion. Pureté, innocence, naturel, force et profondeur, voilà tout son être… Et, avec toute cette libre énergie, une petite voix qui n’a pas encore mué ! Et un visage d’enfant qu’une jeune fille pourrait embrasser sans rougir ! »
Ce fut un coup terrible pour Brahms lorsqu’il apprit que, dans un accès de folie, Schumann