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prépondérant dans la vie sentimentale du compositeur.

« Dieu envoie à chacun, quelque malheureux qu’il soit, une consolation, et nous devons nous en réjouir, disait plus tard Clara à ses enfants. Je vous avais bien alors, mais vous étiez encore petits ; vous ne connaissiez qu’à peine votre père bien-aimé ; vous étiez encore trop jeunes pour ressentir de profondes douleurs ; vous ne pouviez, dans les années terribles, m’apporter aucune consolation ; des espérances, oui, mais cela ne servait guère en de pareils moments. Johannes Brahms vint : votre père l’aimait et l’estimait comme aucun homme au monde, excepté Joachim. Il vint en ami fidèle partager mon malheur, il fortifia mon cœur qui menaçait d’éclater, il éleva mon esprit, rasséréna mon âme comme il put, bref il fut un ami dans le sens le plus complet du mot… Lui et Joachim furent les seules personnes que vit votre père durant sa maladie : il les reçut toujours avec une joie manifeste aussi longtemps que son esprit fut lucide… Joachim fut pour moi un ami fidèle, mais je ne vivais pas sans cesse avec lui. Ce fut donc Brahms seul qui me soutint. Je considère comme un devoir de vous dire cela. Ne l’oubliez jamais,