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querelle entre Wagnériens et « Brahmines » (c’était le nom qu’on donnait aux partisans de Brahms). Les Wagnériens accablaient Brahms de sarcasmes, ils le traitaient de vieux pédant, de maître d’école ; ils lui refusaient toute inspiration ; ils le déclaraient sec et sans émotion, terre-à-terre et prosaïque. Brahms ne se fâcha jamais. Une seule fois il mit sa signature, à côté de celles de J. Joachim, de J. O. Grimm et de B. Scholz, au bas d’une protestation assez ridicule contre les principes de la musique de l’avenir, au nom des saines traditions du grand art classique (1860). Il le regretta sans doute. Car les Brahmines n’avaient réussi qu’à fournir une nouvelle matière aux plaisanteries de leurs adversaires. Mais en maintes occasions, Brahms manifesta son estime pour l’œuvre de Wagner. C’est surtout la musique de Liszt qu’il n’aimait pas. S’il ne se rendit jamais à Bayreuth, on comprend aisément pourquoi : sa présence y eût été l’objet de trop de commentaires, et quelle situation délicate pour ce timide ! Il connaissait pourtant à merveille les drames wagnériens, et la partition des Maîtres Chanteurs ne le quittait jamais. En Suisse, où il vit souvent les Wesendonck, il s’intéressait fort à tout ce qu’ils