Aller au contenu

Page:Landormy - Brahms.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dit précédemment qu’en ce qui concerne les rythmes, Brahms se montrait d’ordinaire médiocrement inventif. Cette remarque s’applique surtout aux rythmes énergiques, fortement accentués. Si Brahms a cette fois plus de bonheur, c’est qu’il n’a point cherché la force, la puissance du rythme. Pour donner à la sonate une parfaite unité, il a désiré la maintenir d’un bout à l’autre dans le mouvement tranquille et les couleurs effacées du Regenlied. Il lui fallait pour son début un thème rythmique, mais d’un rythme un peu abandonné, un peu indécis, ne marquant ni grandeur ni puissance et s’harmonisent avec les impressions subtiles de son âme mélancolique. Il fut admirablement inspiré, parce qu’il s’exprimait tout entier dans cet élan sans passion, dans cette velléité d’action qui se résout bien vite en une rêverie désabusée. La phrase ne se continue pas en effet rythmiquement comme elle a commencé, mais, après quelques ondulations capricieuses, elle s’échappe et glisse, fluide, inconsistante, devient une sorte de vapeur harmonique vaguement agitée encore du souvenir du rythme initial, qui se trouve curieusement repris dans une imprévue superposition d’un 3/2 au 12/8 de l’accompagne-