Page:Landrieux - L Islam, Lethielleux, 1913.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déférence, nous fit amener comme on amène une bête, sur ses quatre pattes, un de ces malheureux, pris dans le tas, qui s’était perforé ainsi les deux joues et aux flancs duquel pendaient deux lames plantées à vif dans les chairs.

J’ai mesuré, avec mes doigts, pour me rendre bien compte, la distance du coin de la bouche au trou de la broche : il s’était réellement transpercé de part en part et la plaie ne saignait pas.

Quand le sabbat a assez duré, on les traîne, les uns après les autres, aux pieds du Mokkadem, ou bien ils y viennent d’eux-mêmes. Il les prend, un par un, la tête sur ses genoux, les caresse doucement, se penche sur eux, leur murmure à l’oreille quelques formules de prière ; puis, d’un geste lent, il retire les broches ; et c’est fini. Ils sont remis sur pied, ils reprennent leurs sens.

Ils franchissent la porte et se retrouvent, comme tout le monde, perdus, résorbés dans le mouvement de la rue.

Une autre fois, à Bizerte, au sortir d’une