Page:Landrieux - L Islam, Lethielleux, 1913.djvu/85

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Soudan, à tout le monde, nos vues, nos sentiments, nos impressions, notre mentalité aryenne et chrétienne. Nous ne savons pas nous dégager de nous-mêmes, de l’ambiance locale, pour nous mettre, un moment, dans la peau du voisin ou de l’adversaire ; et cette erreur de mise au point égare nos jugements, fausse toutes nos prévisions.

Alger n’est qu’à 36 heures de Paris, mais, entre ces gens-là et nous, il y a des siècles et un abîme.

Que de français, établis en Algérie ou en Tunisie, depuis des années, qui n’ont pas soupçonné encore l’âme musulmane !

Ils croient les bien connaître pour les avoir croisés dans la rue, tous les jours. Ils les trouvent étranges parce qu’ils portent un burnous et qu’ils font leur prière. Mais, parce qu’ils parlent un peu notre langue, qu’ils montent en tramway et paient leurs impôts, on s’imagine qu’ils ont pris leur parti de la conquête, que leurs cœurs sont annexés avec le sol et qu’ils nous sont profondément attachés.