Page:Landrieux - L Islam, Lethielleux, 1913.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attiser, chez les indigènes, la haine du Roumi.

Or le Roumi, là-bas, c’est le Français.

Le prestige de l’Islam avait reçu, au moment de la conquête, un coup dont il ne devait pas se relever : l’attitude des vainqueurs l’a tout de suite raffermi.

Ce fut une lourde faute politique.

D’après les notes qui nous arrivent, chaque matin, par la presse, de Constantinople, les journaux indigènes ne parlent à leurs lecteurs que d’escadrons Bulgares enfoncés, de Serbes pulvérisés, de Grecs aux abois ; ils disent que les canons allemands ont fait merveille et que le Bosphore est encombré des vaisseaux pris à l’ennemi. Et partout, sauf sur le théâtre même des opérations, en Asie, en Afrique, le peuple en est convaincu.

On n’a pas l’idée, chez nous, de la façon dont se fait l’opinion dans ces milieux de rêve et de mirage, ni de la déformation que subissent, dans les récits arabes, les évènements les plus simples et les faits les plus matériels.