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Beaucoup de travaux sont ennuyeux, parce qu’ils sont monotones. La monotonie, on le sait, est devenue le caractère de beaucoup de travaux industriels à cause du développement du machinisme et des progrès de la division du travail.

Il ne faut pas oublier la nécessité où le travailleur se trouve, bien souvent, de subir une autorité — ou des autorités — despotiques et brutales.

Mentionnons encore le sentiment d’anxiété qui accompagne parfois le travail — on se demande si on terminera sa besogne dans un certain délai qui a été fixé —, et aussi le souci que le travailleur a parfois de sa responsabilité. Ces deux éléments se rencontrent, en particulier, dans certains travaux intellectuels.

Il nous reste, pour terminer, à parler de deux éléments de peine que le travail implique très souvent, et sur lesquels il est nécessaire d’appeler l’attention : à savoir la privation de liberté et la privation de loisir.

Le travail nous prive de notre liberté : nous souffrons, quand nous travaillons, de penser que nous ne pouvons pas disposer de notre temps et de nos forces à notre gré, nous souffrons d’être en quelque sorte enchaînés, et cela, même si nous ne pensons pas à quelque occupation déterminée à laquelle il nous serait agréable de nous livrer.

Le travail nous prive de loisir : le temps qu’il nous prend, nous songeons que nous pourrions l’employer à vivre au milieu des nôtres, à nous donner telle ou telle distraction, à nous instruire, etc. Le travail, par là, nous empêche de goûter certains plaisirs : et nous sommes ainsi faits que la pensée de ces plaisirs qui nous sont interdits devient, pour nous, une souffrance positive.

47. Variations que peut subir l’importance relative de ces éléments. — L’importance des divers éléments du labeur qui viennent d’être énumérés varie grandement, comme il a été indiqué déjà, d’une industrie à l’autre, ou mieux, d’une sorte d’occupation à une autre.

Cette importance varie aussi, si l’on considère l’ensemble des travaux auxquels les hommes sont adonnés, d’une époque à l’autre. Cela tient aux changements de la technique, au développement que prennent certaines industries. On a vu que les progrès du machinisme avaient multiplié les travaux monotones ; ils ont multiplié également les travaux dangereux, en même temps, il est vrai, qu’ils permettaient de supprimer ou de diminuer certains risques professionnels. Cela tient aussi à l’évolution des formes suivant lesquelles la production s’organise : la dépendance de l’ouvrier vis-à-vis de son employeur, pour être moins étroite aujourd’hui qu’elle n’était jadis, est d’autre part, de l’avis général tout au moins, plus pénible, parce que ce ne sont plus guère que des rapports d’intérêt qui unissent ensemble ces deux hommes. Et il faut tenir compte aussi des efforts que la législation a faits, dans ces derniers temps, pour diminuer les maux