Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/155

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tion des animaux et les conditions de la vie des plantes. La mathématique — en dehors des facilités qu’elle a données pour les comptes — a été utile d’une manière indirecte, comme science auxiliaire des sciences précédentes. Quant à la psychologie et à la sociologie, il n’apparaît pas qu’elles aient contribué beaucoup aux progrès de l’économie. Et cela n’est pas dû seulement au peu de développement que ces sciences ont pris jusqu’à ce jour : il semble bien plutôt qu’il y ait ici un fait nécessaire, résultant de la nature même des réalités que la psychologie et la sociologie étudient, et des lois qu’elles établissent.

72. L’instruction. — On comprendra sans peine, maintenant, que pour que le savoir augmente l’efficacité du travail, il ne suffit pas que ce savoir existe quelque part, consigné dans des livres ou enfermé dans l’esprit de certains hommes. Il faut que l’on trouve ce savoir chez le travailleur lui-même. Le progrès de la science et des connaissances techniques est assurément la première chose. Mais il est tout aussi nécessaire que ces connaissances soient données à ceux qui pourront les utiliser. Ce sont les progrès réalisés par la technique qui expliquent sans doute en première ligne pourquoi la production par travailleur est plus abondante aujourd’hui, dans tel pays, qu’elle n’était il y a un siècle. Mais pourquoi, dans une même époque, l’efficacité du travail est-elle plus grande ici que là ? c’est — entre autres choses — que les hommes ne sont pas dans tous les pays également instruits des découvertes qui ont été faites.

L’instruction a donc, pour accroître l’efficacité du travail, une importance capitale. Et cela est vrai surtout, au point de vue qui nous occupe ici, de l’instruction technique ou professionnelle[1]. L’instruction purement scientifique a des avantages multiples, et qu’il faudrait se garder de dédaigner. Étendant notre savoir, elle satisfait une curiosité très haute, et elle élargit, comme on dit, nos idées. En tant qu’elle est donnée à des sujets exceptionnellement doués, elle prépare des découvertes nouvelles, ou scientifiques, ou techniques. L’acquisition de cette instruction ne va pas, d’autre part, sans une mise en œuvre de nos facultés intellectuelles qui fortifie celle-ci et par là, ainsi qu’on le verra, nous prépare à travailler plus utilement. Enfin, plus notre instruction scientifique sera complète, plus nous aurons de facilité pour apprendre les différents métiers, mieux nous pourrons, par suite, choisir parmi ces métiers celui pour lequel nous avons le plus d’aptitude, ou nous donner un métier nouveau lorsque nous serons contraints, pour une raison ou pour une autre, de quitter celui que nous exerçons. Mais ces avantages ne se rapportent pas tous à l’efficacité du travail ; et pour autant que l’instruction scientifique accroît cette efficacité, elle ne le fait qu’indirectement.

  1. Consulter sur cette question Marshall, Principles, liv. IV, chap. 6 (trad. fr., t. I).