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nière générale influeront diversement sur ce développement ; mais celui-ci dépendra, avant tout, de l’instruction que les individus auront reçue.

75. L’habileté, la force, etc. — On ne manque jamais de distinguer des qualités de l’intelligence l’habileté manuelle, qui est très utile à tous ceux qui ont à travailler de leurs mains. Ce qui permet, par exemple, à un pianiste de devenir un virtuose, c’est moins la finesse de son sens musical que son mécanisme, comme on l’appelle. Et dans bien d’autres métiers encore il y a un mécanisme d’exécution pour lequel les différents individus manifestent des aptitudes très inégales.

On notera qu’ici encore nous sommes en présence, non pas d’une qualité unique, mais d’un ensemble assez complexe de qualités. Mais ce qu’il faut surtout, c’est d’une part que les muscles obéissent d’une manière rapide et précise aux ordres de la volonté, aux sollicitations de l’imagination, et d’autre part, que l’on ait de la facilité à répéter automatiquement les séries de mouvements qu’on a appris une première fois à accomplir. Ces deux qualités, d’ailleurs, sont étroitement liées. La promptitude et l’exactitude dans l’exécution de ce que la pensée a conçu s’acquièrent, dans une grande mesure, par l’exercice : et on ne les acquiert qu’autant que le degré de perfection de notre mémoire corporelle s’y prête.

Dans les travaux manuels il faudra encore, souvent du moins, de la force musculaire. Et dans tous les travaux on a besoin de jouir d’une bonne santé, pour ne pas être interrompu dans ses occupations, pour pouvoir appliquer à la besogne qu’on doit faire des facultés intactes, qu’il s’agisse, d’ailleurs, des facultés intellectuelles, corporelles, ou encore — s’il est permis d’employer une telle expression — des facultés morales. Aussi, quand on étudie les conditions de l’efficacité du travail, convient-il de donner beaucoup d’attention à tout ce qui influe sur la santé des travailleurs. La question de la vie urbaine ou rurale, la question de l’alimentation et du logement, la question de la durée plus ou moins longue de la journée de travail, la question des repos qui coupent cette journée de travail, celle du repos hebdomadaire et des congés plus longs que le travailleur peut prendre de loin en loin, la question du travail de nuit, la question du travail des enfants, le développement plus ou moins grand chez le travailleur d’habitudes vicieuses comme l’alcoolisme, toutes ces questions prennent ici une importance extrême, qu’il suffira de mentionner[1].

76. Les qualités morales. — Disons quelques mots pour terminer de ces qualités morales du travailleur auxquelles nous venons de faire une allusion. Elles aussi elles sont multiples et diverses. Telles d’entre elles, au reste, sont nécessaires à tous les travailleurs : par exemple, cette qualité qu’on appelle souvent le courage au travail, et qui fait qu’on ne se laisse

  1. Sur ce point, et sur celui que nous allons aborder, voir Marshall, Principles, liv. IV. chap. 5 (trad. fr., t. 1).