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La division du travail véritable est ce qu’on désigne parfois par l’expression « division du travail du deuxième degré ». Cette division du travail apparaît quand, dans une entreprise, il y a une multiplicité de tâches diverses à accomplir. Toutefois on ne parlera pas toujours de division du travail à propos de cette multiplicité de tâches. Soit un jardin où l’on cultive des petits pois ; quand le moment sera venu de ramer les petits pois, un travailleur s’occupera d’aller chercher du bois pour faire les rames, un autre les préparera, un troisième les fichera en terre, et il n’y aura pas cependant division du travail dans le sens où l’économique prend ordinairement cette expression. La division du travail telle que l’économique l’entend à l’ordinaire, c’est, dans l’entreprise, la distribution de tâches diverses entre les travailleurs, mais pour autant que chaque travailleur est occupé d’une manière continue à la même tâche.

80. Causes et conditions de la division du travail. — Quelles sont les causes qui amènent, quelles sont les conditions qui favorisent l’introduction et les progrès de la division du travail, comprise comme il vient d’être dit ? En fait de causes, il n’y a guère à indiquer, ce semble, que le désir d’accroître, par la division du travail établie ou accrue, les bénéfices de l’entreprise. Mais les conditions, en revanche, sont multiples. Elles peuvent être d’ordre technique ou d’ordre économique.

1o Il y a des conditions à mentionner qui sont d’ordre technique. C’est ainsi que l’agriculture se prête beaucoup moins à l’établissement de la division du travail que l’industrie. Dans l’agriculture, on ne voit guère de travaux qui puissent se répéter identiques d’un bout de l’année à l’autre ; à quelques exceptions près, les travaux des champs sont sous la dépendance la plus étroite des conditions météorologiques, de la succession des saisons, et ils forment un cycle dont la rotation ne saurait être brisée. On conçoit, encore, que pour telles raisons techniques on puisse pousser plus loin la décomposition du processus productif dans certaines industries que dans certaines autres.

2o Mais voici les conditions économiques. Il y a d’abord l’importance des capitaux qu’on peut engager dans les entreprises. L’introduction dans une entreprise de la division du travail, ou l’institution d’une division du travail plus minutieuse, peuvent être liées à l’emploi de machines coûteuses. De plus, quand on emploie plusieurs catégories de travailleurs, il faut qu’il y ait entre ces catégories une certaine proportion : et l’on ne pourra, souvent, introduire ou accroître la division du travail dans une entreprise sans augmenter l’importance de celle-ci, si l’on veut établir la proportion convenable.

Il faut tenir compte aussi, souvent, des débouchés dont les entreprises disposent pour leurs produits. On ne songe jamais à introduire ou à accroître la division du travail que s’il doit en résulter un accroissement de la