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considération ces conditions —. Andler prend l’expression dans ce sens quand il dit que « le système d’Effertz est l’effort le plus vigoureux qui ait été tenté pour constituer une économie politique pure »[1].

2° L’économique pure est la science économique telle qu’elle peut se constituer, si l’on fait par hypothèse le monde économique conforme à un certain idéal, si l’on universalise certains phénomènes qui ne sont que communs, si l’on porte à la perfection certains traits caractéristiques de l’économie. L’économique pure, par exemple, supposera que les hommes sont parfaitement instruits de leurs intérêts, et qu’ils sont guidés uniquement par ces intérêts ; elle supposera encore que le régime du marché est un régime de concurrence parfaite. L’économique appliquée, elle, prendra les hommes comme ils sont, et tiendra compte des restrictions que la concurrence rencontre[2].

Quand on oppose l’économie politique et l’économie sociale, on entend opposer quelquefois l’économique, en tant qu’elle s’occupe de la vie économique des nations, et cette même économique, en tant qu’elle s’intéresse à la société humaine dans son ensemble.

D’autres fois, l’économie politique représente la science économique et l’économie sociale l’art, mais un art qui serait dominé par la préoccupation de combattre les injustices sociales et la misère.

Dans l’usage courant, l’économie sociale est cette partie de l’économique qui étudie la distribution des richesses au point de vue de ses résultats, de la condition qu’elle fait aux différentes classes de la société, qui étudie aussi les procédés employés pour améliorer le sort de la classe déshéritée, et en détermine la plus ou moins grande efficacité.


IV. — Des rapports de l’économique avec diverses disciplines

8. Avec la technologie. — L’économique entretient avec diverses disciplines des rapports étroits, qu’il importe de préciser.

Il faut tout d’abord distinguer l’économique de la technologie.

  1. Préface aux Antagonismes économiques d’Effertz, I (Les antagonismes économiques, Paris, Giard et Brière, 1906, p. IV).
  2. Walras appelle économie politique pure « la théorie de la détermination des prix sous un régime hypothétique de libre concurrence absolue ». La distinction qu’il fait de l’économie politique pure et de l’économie politique appliquée, toutefois, n’est pas celle que nous venons d’indiquer. L’économie politique pure, pour lui, s’occupe des prix, pour rechercher uniquement comment ils se déterminent dans l’hypothèse de la libre concurrence. L’économie politique appliquée, elle, s’occupe de l’organisation de la production ; et elle doit être dominée par la considération de l’utilité. L’économie sociale, enfin, aurait à traiter de la distribution ; et elle doit être dominée par l’idée de la justice (voir les Eléments d’économie politique pure, Lausanne et Paris, 4° éd., 1900, pp. v-vi, 34-39, et les Etudes d’économie