Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/206

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question ne représente pas autre chose qu’un cas particulier de la première. Parmi les agents de la production, en effet, il faut ranger le travail de direction. Dans toute entreprise productive, une direction est nécessaire. Eh bien, la question de l’échelle plus ou moins grande de la production, c’est la question de la proportion à établir entre cet agent productif, d’une part, et d’autre part les autres agents. Combinons le travail de direction d’un individu avec des quantités croissantes de travaux d’autres sortes, de terre, de capital : la productivité de ces moyens productifs variera selon une courbe montante d’abord, puis descendante.

Cette vue de Carver laisse subsister — il le déclare lui-même — des raisons pratiques sérieuses de traiter séparément nos deux questions ; théoriquement, elle est juste dans une grande mesure, mais à la condition qu’on se place à un point de vue exclusivement technique, et non au point de vue proprement économique. Si, en effet, nous nous attachons à la quantité des biens qu’on peut obtenir, dans une entreprise productive, avec des dépenses variées de capital, etc., alors sans doute il est vrai que la raison pour laquelle à l’ordinaire, l’échelle de la production s’agrandissant, la productivité finit par décroître, c’est la difficulté croissante que l’entrepreneur trouve à surveiller la marche de son exploitation, à diriger celle-ci. Mais si, au lieu de s’attachera la quantité des biens obtenus, on s’attache à leur valeur, alors on voit que telles raisons feront nécessairement baisser la productivité, ou contribueront à la faire baisser, qui n’ont aucun rapport avec le travail de direction : ainsi la nécessité d’aller chercher pour les produits accrus des débouchés plus éloignés.

109. Deuxième confusion. — Quand on oppose les rendements croissants de l’industrie — tout au moins de certaines industries — aux rendements décroissants de l’agriculture, on est préoccupé, parfois, des effets différents qu’entraîne, dans l’industrie et dans l’agriculture, l’accroissement de la demande ; on veut dire que la demande des produits croissant, la productivité des exploitations augmente ou diminue, selon qu’il s’agit d’exploitations industrielles ou agricoles. Voyons si cette thèse est exacte, et ce qui peut la justifier. Dans l’industrie, dit-on, l’accroissement de la demande a pour conséquence l’élévation des rendements. Pourquoi en serait-il ainsi ? C’est parce que, la demande devenant plus forte, on peut développer les exploitations ; l’échelle de la production s’agrandit, ce qui permet de produire à moins de frais. Soit une usine où l’on fabrique de certains produits. Si cette usine devient de plus en plus importante, si le capital qu’elle représente, par exemple, passe de 100.000 francs à 200.000 francs, puis à 500.000 francs, le coût de revient de l’unité de produit tombera de 10 francs à 8 francs, puis à francs. Mais il est clair que le développement de l’usine est subordonné à la possibilité que l’entrepreneur trouvera d’écouler une quantité de