Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/232

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sidérer ici, et non point telles ou telles entreprises. Il arrive, en effet, que l’on confonde la question du degré capitalistique de la production avec celle de la concentration de la production. Constatant, par exemple, que la quantité moyenne de capital engagée dans les exploitations d’une certaine industrie s’est accrue, on dit assez souvent que cette industrie est devenue plus capitalistique : mais cette façon de parler implique une certaine confusion, ou du moins risque de la créer. Il se peut que chaque établissement employant, en moyenne, davantage de capital, notre industrie, au total, en emploie moins. Et c’est ce dernier point qui nous intéresse ici.

Le degré capitalistique d’une économie, d’autre part, ne dépend pas de la quantité absolue du capital employé. Cette quantité doit être rapportée, évidemment, à quelque chose d’autre. On la rapporte, à l’ordinaire, à la population : on recherchera, par exemple, si d’une époque à une autre, dans un pays donné, la quantité du capital par tête d’habitant a augmenté ou diminué. On peut encore rapporter la quantité du capital — si l’on s’occupe, notamment, d’une branche particulière de la production — au nombre des ouvriers qui mettent ce capital en œuvre, à la quantité des matières premières qui sont traitées. On peut, enfin, la rapporter au total des dépenses productives que l’on fait dans une période déterminée, par exemple dans une année, ou encore au produit que l’on obtient dans cette même période : c’est tout un d’ailleurs, le produit représentant, normalement, les dépenses faites, avec une certaine plus-value.

124. Comment on peut estimer le capital employé dans la production. — Mais comment se renseigner sur la quantité du capital employé dans la production ? Nous pouvons recourir, ici, à diverses méthodes d’investigation. Mais ces méthodes, comme on va le voir, ne nous donneront que des indications très insuffisantes.

1o On peut tout d’abord se donner une idée des variations du capital productif, en se fondant sur la considération de certains indices.

a) Le capital productif augmentera, évidemment, si des capitaux sont investis dans des emplois productifs qui étaient déjà connus antérieurement, mais que le taux courant de l’intérêt empêchait de regarder comme rémunérateurs. Or, depuis assez longtemps l’intérêt du capital baisse d’une manière à peu près continue : il en résulte nécessairement que des opérations capitalistiques sont entreprises qui étaient possibles jadis, en un sens, mais qui n’étaient pas regardées comme avantageuses. De ce chef il y a, dans notre époque, une augmentation certaine des capitaux ; mais on ne peut rien dire de plus précis, puisqu’on n’a pas une échelle des opérations capitalistiques indiquant les rendements qui correspondent à ces opérations.

b) Le capital productif augmentera encore si le taux de l’intérêt restant le même, les emplois productifs deviennent plus abondants où le capital