Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans la moyenne est économiquement la meilleure, ou pour leur permettre au contraire de dépasser cette grandeur.

Les industriels, par exemple, ont des aptitudes inégales pour le travail qu’ils assument. Un industriel particulièrement bien doué pourra par son talent, par son habileté, soit maintenir un établissement qui normalement, en raison de sa petitesse, devrait disparaître, soit développer une maison au delà des limites normales. À ce propos, on notera que la supériorité d’un directeur d’entreprise, parfois, est de telle sorte qu’elle ne peut s’affirmer que par rapport à des affaires restreintes, et que d’autres fois cette supériorité s’affirmera par rapport à des affaires très vastes. Un relieur qui a du goût s’assurera une clientèle même si sa maison est petite et si les travaux qui s’y font sont plus chers, pour ce motif, que ceux de telle maison plus grande ; mais il ne pourra compenser le désavantage de ses frais plus élevés que jusqu’à concurrence d’une production rigoureusement limitée : car le nombre des travaux à l’exécution desquels il pourra participer en personne ne saurait s’élever très haut. Dans telle autre sorte d’entreprises, au contraire, la supériorité d’un industriel se manifestera par des combinaisons financières qu’il saura inventer : et alors cet industriel pourra faire vivre et prospérer une entreprise d’une importance anormale.

Des cas analogues aux précédents peuvent être imaginés. Une chute d’eau qui procure à une usine de la force motrice à un prix exceptionnellement bas place cette usine dans une situation privilégiée. Selon que la quantité de force motrice fournie par la chute sera plus ou moins grande, on pourra voir l’usine se maintenir malgré ses dimensions trop petites et ses frais de production qui, par ailleurs, dépassent ceux des usines rivales, ou bien on la verra s’agrandir au delà de ces limites à partir desquelles, en d’autres endroits, la production deviendrait trop coûteuse.

La possession exclusive d’un procédé de fabrication supérieur aux autres permettra, encore, à un industriel de faire dépasser à son établissement la grandeur normale. Et nous pourrions trouver d’autres causes qui agissent d’une manière semblable.

139. Progrès actuels de la concentration ; exceptions qu’elle comporte. — Négligeons ces causes qui viennent favoriser tantôt la petite, tantôt la grande production. Cherchant à déterminer des moyennes, si nous considérons les facteurs multiples qui, d’une part, poussent à la concentration de la production, et de l’autre y mettent obstacle, nous nous persuaderons que dans l’ensemble la concentration de la production, à notre époque, doit aller croissant. C’est que la technique, d’une manière générale, évolue en telle façon que la supériorité des grandes installations, en ce qui s’y rapporte, augmente de plus en plus ; et c’est aussi que l’abaissement continu du coût des transports permet aux producteurs d’élargir toujours davantage leurs débouchés.