Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/274

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agricoles, mais plus encore les unions de syndicats et d’autres associations spéciales, s’occupent de vendre les produits de leurs membres. Il existe aussi des associations qui, recevant de leurs membres des produits, font subir à ces produits certaines préparations, ou même les transforment en des produits nouveaux. Il y a des laiteries coopératives où le lait est pasteurisé avant d’être vendu ; d’autres associations fabriquent du beurre ou du fromage : les laiteries coopératives syndiquées des Charentes et du Poitou en particulier fabriquaient, en 1902, 8 millions de kilogrammes de beurre.

C’est surtout dans certains pays étrangers que ces sortes d’associations agricoles se sont multipliées. Au Danemark, où la plus ancienne coopérative rurale date de 1882, on en comptait en 1903 1.050, avec 150.000 membres, qui recueillaient le lait de 850.000 vaches sur 1 million existant dans le pays et en faisaient 68 millions de kilogrammes de beurre, valant 180 millions de francs : les paysans danois, de la sorte, tiraient 15 centimes du litre de lait qu’ils vendaient auparavant 8 et 9 centimes. Ces mêmes sociétés vendaient encore pour 22 millions de francs d’œufs et pour 55 millions de francs de lard. La plus grande partie de ces produits était expédiée en Angleterre par les soins d’une fédération fondée tout exprès pour organiser l’exportation.

En Irlande, un mouvement analogue, dû surtout à l’action de la Société d’organisation agricole, qui a été constituée en 1894, paraît devoir donner sous peu des résultats aussi importants, il y avait dans ce pays, au commencement de 1904, 287 crémeries coopératives, avec 44.273 membres, et une vente de beurre de près d’un million de livres[1].

Il faut citer également les associations de vinification de l’Allemagne, au nombre de 112 en 1900, et les sociétés d’élevage de la Suisse.

3o Associations de crédit. — En France, on ne comptait guère, en 1904, que 1.500 sociétés de crédit agricole environ, faisant, croit-on, 60 millions de francs de prêts. Mais dans d’autres pays les associations agricoles de crédit sont plus importantes. En Allemagne, un tiers environ des prêts des sociétés Schulze-Delitzsch vont aux agriculteurs. À ces sociétés il faut ajouter les sociétés du type Raiffeisen, qui, en 1904, étaient près de 4.000, avec 300.000 membres, et faisaient 600 millions de francs d’affaires, les sociétés du type Haas, au nombre de 7.000, avec 500.000 membres et 1.700 millions d’affaires — ces deux groupes se sont amalgamés en 1905 —, et d’autres sociétés encore qui ne sont point négligeables. Ce serait plus d’un milliard et demi de capitaux qui se trouveraient mis ainsi à la disposition des agriculteurs dans des conditions très avantageuses.

4o Associations d’assurance. — Il y avait en France, en 1904, 4.769 associations mutuelles pour l’assurance contre la mortalité du bétail

  1. Voir pour l’étude du mouvement coopératif en Irlande Béchaux, La question agraire en Irlande, Paris, Rousseau, 1906, liv. IV, chap. 1 et 2.