Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/415

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ici, il faut tenir compte de l’irrégularité du chômage ; et l’on n’oubliera pas que le chômage, qui peut résulter de causes très diverses, résulte par fois de la mauvaise volonté de l’ouvrier. Les sociétés de secours mutuels, d’autre part, ne sont pas assez riches pour secourir ceux de leurs membres qui sont sans travail.

C’est aux groupements professionnels que l’on doit les premières réalisations de l’assurance contre le chômage. Dans tous les pays il y a des associations ouvrières qui emploient une partie de leurs ressources adonner des secours en cas de chômage. La Fédération du livre, en France, donne 12 francs par semaine, pendant six semaines au maximum, à ceux de ses membres qui chôment ; mais aussi exige-t-elle de ses adhérents une cotisation mensuelle de 2 francs. Dans les trade unions anglaises, il y aurait 800.000 ouvriers assurés contre le chômage.

Depuis quelque temps, on a vu, en Suisse, en Allemagne, en Belgique, des municipalités créer des caisses d’assurance contre le chômage. La méthode qui tend à prévaloir, toutefois, est celle qui a été mise en pratique tout d’abord dans certaines villes françaises mais qui a donné des résultats particulièrement remarquables à Gand et dans d’autres villes belges, et qui consiste, de la part des municipalités, à subventionner les syndicats ouvriers et les sociétés de secours mutuels, en proportionnant ces subventions aux efforts que font ces syndicats ou ces sociétés, et aux résultats qu’ils obtiennent.

220. Assurance contre l’invalidité et la vieillesse. — Tout comme le chômage, l’invalidité et la vieillesse sont des maux contre lesquels il n’est pas à attendre que les ouvriers, livrés à eux-mêmes, puissent s’assurer. Et il y a, pour la vieillesse tout au moins, cette circonstance aggravante qu’elle est un mal auquel on ne peut pas espérer échapper, sinon par une mort prématurée[1]. Pour assurer à un homme, à partir de l’âge de 60 ans, une rente viagère égale à la moitié de son revenu, et qui soit en partie réversible sur sa veuve, il faut qu’il donne régulièrement 15 % de ce revenu : on ne s’étonnera pas, dans ces conditions, que les ouvriers ne s’assurent point à des compagnies contre l’invalidité et la vieillesse, et que dans ce même domaine les sociétés de secours mutuels ne puissent faire que très peu de chose.

Il existe des patrons qui, plus riches à la fois et plus généreux que les autres, accordent à leurs ouvriers des pensions d’invalidité ou de vieillesse, ou les aident à s’en constituer. En France, les compagnies de chemins de fer consacrent à cet objet, chaque année, quelque 40 millions, soit 10 %

  1. Il semble au premier abord qu’on ne doive point parler d’assurance contre la vieillesse, puisque la vieillesse est une chose inévitable, mais plutôt d’épargne en vue de la vieillesse. On remarquera toutefois que si en un sens nous ne pouvons pas éviter de vieillir, d’autre part, cependant, nous ne sommes pas certains de vieillir.