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234. Les monnaies métalliques. — Comment faut-il étudier ces divers systèmes monétaires qui s’offrent à nous ? On peut les prendre successivement, et pour chacun d’eux indiquer tout ce qui les caractérise : on examinerait ainsi le système monétaire français, le système monétaire anglais, et ainsi de suite. Cette méthode est excellente, inutile de le dire, quand on veut se livrer à un travail purement descriptif ; et c’est elle encore qu’il faut employer quand, ayant examiné déjà par ailleurs les questions théoriques et pratiques relatives à la monnaie, on veut voir ce qu’il y a soit de bon, soit de critiquable dans chacun des systèmes monétaires en vigueur. Mais cette méthode convient moins quand on a pour dessein d’exposer d’une manière rationnelle ces questions que nous venons de dire, et de faire connaître les diverses façons dont elles ont été résolues. Nous ne la suivrons donc pas[1] : nous examinerons plutôt, l’une après l’autre, les principales des questions monétaires.

Nous nous occuperons, pour commencer, des monnaies métalliques. Beaucoup d’auteurs les tiennent, ou du moins inclinent à les tenir pour les seules monnaies véritables ; et la raison en est que seules les monnaies métalliques ont une valeur intrinsèque. C’est là, toutefois, une erreur — ou une illusion — dont il faut se garder ; et l’on a pu dire justement que l’essence de la monnaie apparaissait mieux dans ces monnaies qui n’ont point de valeur intrinsèque que dans les monnaies métalliques. Il reste cependant que les monnaies métalliques sont les plus anciennes — si l’on néglige la période primitive de l’histoire de la monnaie —, que pendant très longtemps il n’y a pas eu d’autres monnaies qu’elles, et qu’aujourd’hui encore elles sont, dans la plupart des pays, les monnaies les plus importantes.

235. Les différentes sortes de monnaies métalliques. — Les monnaies métalliques peuvent être classées en différentes manières. Nous n’indiquerons que deux de ces classifications possibles[2].

1° On distingue des monnaies qu’on appelle — d’une expression d’ailleurs peu heureuse — réelles, et des monnaies qu’on appelle fictives. Celles-là sont ces monnaies dont la valeur réelle égale la valeur nominale, ou à peu près : entendons que démonétisées, le métal dont elles sont faites s’échange contre les mêmes biens ou à peu près qu’elles achetaient en tant que monnaies. Ces monnaies sont dites droites quand leur valeur réelle est rigoureusement égale à leur valeur nominale, fortes quand la première

  1. On trouvera dans l’ouvrage d’Arnauné sur la monnaie, dans la 2e partie, une étude détaillée des systèmes monétaires d’un certain nombre de pays, notamment de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne et des États-Unis.
  2. Au sujet des différentes façons dont on peut classer non seulement les monnaies métalliques, mais les monnaies en général, on aura profit à lire la Staatliche Theorie des Geldes, de Knapp, chap. 1 et 2.