Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/448

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dant, les affaires s’étendent, les échanges se multiplient : la valeur de la monnaie, dans ces conditions, montera. Mais si au lieu du monométallisme on avait le bimétallisme, et que la production de l’argent, à la différence de celle de l’or, fût abondante, la frappe de l’argent augmenterait la quantité de monnaie en circulation — nonobstant une démonétisation partielle de l’or qui pourrait limiter cette augmentation — , et la hausse dont nous parlions tantôt n’aurait pas lieu, ou serait moins forte.

C’est une hypothèse de ce genre qu’envisageaient les partisans du bimétallisme, il y a une vingtaine ou une trentaine d’années : la production annuelle moyenne de l’or, après avoir été de 201.750 kilogrammes dans la période 1856-1860, s’était abaissée ; elle n’était que de 162.891 kilogrammes dans la période 1881-1885 ; la production annuelle de l’argent, cependant, était montée de 904.990 kilogrammes à 2.859,632. Mais on peut faire des hypothèses très différentes. Supposons que la production de l’or s’accroisse tellement que, la frappe libre existant pour lui seul, cette production suffise à faire baisser la valeur de la monnaie ; et supposons en même temps que la production de l’argent s’accroisse de son côté en telle sorte que la valeur de l’argent par rapport à l’or baisse considérablement : si au monométallisme nous substituons le bimétallisme, la valeur de la monnaie, par la frappe de l’argent, pourra baisser plus encore qu’auparavant.

En définitive, le bimétallisme universel, comparé au monométallisme universel, contrarie ou empêche lu hausse de la valeur de la monnaie ; mais il peut accroître la baisse de cette valeur. Et de même, si l’on met en présence des pays bimétallistes et des pays monométallistes — telles la France de naguère et l’Angleterre — , le régime bimétalliste des premiers pourra avoir pour effet, selon les cas, soit de stabiliser la valeur générale de la monnaie, soit d’en rendre les fluctuations plus fortes.

2° On dit, en deuxième lieu, que le régime bimétalliste exerce une action compensatrice, qu’il tend à donner à la valeur comparée de l’or et de l’argent plus de stabilité. L’argent, pendant un temps, a dépassé, relativement à l’or, la valeur que lui assignait le rapport — légal en France — de 1 à 15,5 : en conséquence, on avait en France une importation d’or et une exportation d’argent ; et ces phénomènes maintenaient la baisse de l’or dans des limites qui autrement eussent été dépassées.

Cette action compensatrice du bimétallisme est indéniable : s’il y a des pays où le rapport des monnaies d’or et d’argent soit fixe et où la frappe des deux métaux soit libre, les cours des métaux seront influencés par là

Aperçus statistiques internationaux, tableau 199.


Si souvent on ne l’a pas vu, c’est qu’on a conçu — implicitement tout au moins — que la valeur des métaux se déterminait indépendamment de la possibilité qui peut exister de les monnayer. Cela est arrivé, par exemple, à Jevons (voir La Monnaie, chap. 12, pp. 113-115).