Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/455

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans ces classes diverses de la population que la frappe abondante de l’argent, en faisant baisser la valeur de la monnaie, doit favoriser.

Les États-Unis ont eu un régime monétaire bimétalliste jusqu’en 1873[1] : le rapport des deux monnaies était 1 à 15,988. En 1873, la frappe de l’argent était arrêtée. Mais en 1878, le bill Bland obligeait la Trésorerie à acheter tous les mois pour 2 millions de dollars d’argent au moins, pour 4 au plus, et à monnayer cet argent. En 1890, le bill Sherman décidait qu’il serait acheté par le Trésor, chaque mois, 4,5 millions d’onces d’argent — soit 1,68 million de kilogrammes par an — , au prix du marché, avec un maximum de prix de 129 cents par once. Ces mesures, après avoir momentanément relevé le cours de l’argent, ne purent empêcher la baisse de ce métal de reprendre. Les États-Unis exportèrent de la monnaie d’or. Il fallut, en 1893, abroger la clause d’achat du Shevman act. Une loi de 1900 a réglé le fonctionnement du régime monométalliste, proclamé comme le régime monétaire des Étals-Unis.

Il y a lieu de donner une attention particulière à la réforme monétaire qui a été opérée dans l’Inde anglaise il n’y a pas longtemps. L’Inde était regardée naguère comme une des citadelles — avec la Chine — du monométallisme-argent. Il y a dans l’Inde une population extrêmement nombreuse, habituée à se servir de monnaies d’argent pour les transactions, peu disposée à changer ses habitudes à cause de son esprit traditionaliste, pour qui, d’ailleurs, la monnaie d’argent est forcément la monnaie la plus nécessaire, en raison de l’état économique du pays. Mais la baisse persistante de l’argent mettait dans une situation critique le gouvernement de l’Inde, obligé de payer chaque année à la métropole des sommes importantes — plus de 15 millions de livres — pour l’intérêt des emprunts, les pensions aux fonctionnaires retraités, etc. En 1890, la roupie, qui avait valu 2 schellings, était tombée à 1 schelling 4 pence : la charge annuelle de l’Inde en était accrue de 75 millions de roupies. On prit le parti, en 1893, d’arrêter la frappe libre de l’argent ; le cours de la roupie fut stabilisé à 16 pence. Une loi de 1839 donna cours légal illimité au souverain d’or britannique, pour la valeur de 15 roupies. La roupie, cependant, conservait un pouvoir libératoire illimité ; et elle demeurait la monnaie courante du pays. L’Inde se trouvait avoir, ainsi, un régime monétaire qui, malgré des différences notables (2), n’est pas sans avoir de l’analogie avec celui de la France.

Les principales sont que la frappe de l’or n’est pas libre dans l’Inde, que le gouvernement y peut frapper de l’argent, enfin que l’argent prédomine dans la circulation monétaire de l’Inde. Conant appelle le régime monétaire qui a été institué dans l’Inde, comme aussi aux Philippines, etc., le régime de l’étalon d’échange-

  1. Sur l’histoire monétaire des États-Unis dans la période récente, Toir Conant_ ouv. cité, liv. III, chap. 2 (trad. IV., t. I, pp. 339 et suiv.).