Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/486

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Français qui voudraient acheter pour 100 francs de marchandises en Angleterre auront cette perspective, pour le jour où ils chercheront du papier sur Londres afin de s’acquitter, de n’avoir à payer qu’une somme inférieure à 100 francs. Le change au-dessus du pair, en somme, favorise les exportations et rend les importations moins avantageuses ; le change au-dessous du pair favorise les importations et rend les exportations moins avantageuses. Ce ne sont pas là, d’ailleurs, les seuls effets du change ; il peut provoquer encore des opérations sur les valeurs mobilières[1]. Quand dans un pays le change est au-dessus du pair, les gens de ce pays qui ont des dettes à acquitter à l’étranger ont intérêt à vendre des valeurs mobilières sur les places étrangères : ils se procurent par là à meilleur compte — pour autant que les cours des valeurs en question sont pareils sur tous les marchés — les moyens de paiement qui leur sont nécessaires. Et d’autres encore feront de telles ventes pour créer du papier sur l’étranger qu’ils pourront céder avec une prime. Quand, au contraire, le change est au-dessous du pair, on a avantage à acheter des valeurs mobilières à l’étranger, puisqu’on aura pour un prix inférieur à sa valeur nominale le papier avec lequel on pourra s’acquitter, ou que cet achat de valeurs permettra de tirer un meilleur parti du papier que l’on possède. Toutefois, ces opérations sur les valeurs mobilières ne sauraient avoir une très grands extension : il suffit à l’ordinaire, dans les Bourses de valeurs, d’un accroissement relativement faible des offres ou des demandes pour causer une baisse ou une hausse sensible : si bien que le nombre des achats ou des ventes de valeurs mobilières qu’une place, en raison du cours du change, aura avantage à effectuer à l’étranger, sera forcément assez restreint.

Pour résumer les considérations qui précèdent, on peut dire que le change produit des effets qui tendent à le limiter. Et ainsi l’on conçoit qu’il y ait, pour le change, un état d’équilibre. Si l’on considère deux pays — deux pays seulement, pour simplifier — ayant des relations commerciales régulières, et si l’on suppose que les conditions économiques de ces deux pays soient stables, le cours du change sera tel que leurs créances — et leurs dettes par conséquent — se balancent exactement.

Mais ce n’est pas assez de définir l’équilibre du change. Il faut indiquer, encore, les facteurs qui déterminent cet équilibre, et dont le change dé pend. Nous passerons en revue les principaux.

1° Nous savons que le change a sa cause dans l’excédent soit de créances soit de dettes qu’un pays peut avoir vis-à-vis de l’étranger. Le premier facteur, dès lors, dont le change dépendra, sera constitué par tout l’ensemble de ces rapports qui existent, au point de vue des conditions de la produc-

  1. Voir là-dessus Nogaro, Le rôle de la monnaie dans le commerce international, chap. 5.