Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/488

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négocie, par exemple, à 130 francs. Imaginons que la quantité de monnaie de papier qui circule dans le pays en question vienne à doubler ; les prix y doubleront aussi ; et si par ailleurs les conditions du commerce entre nos deux pays ne se sont pas modifiées, on verra l’effet de 100 francs sur le pays à circulation d’or, au lieu de se négocier à 130 francs, se négocier à 260 francs.

3o Un troisième facteur qui influe sur le change est le rapport des taux de l’intérêt dans les pays entre lesquels le change s’établit. Les effets de commerce, quand ils sont à terme, équivalent d’une certaine manière à des titres productifs d’intérêts — puisque celui qui les acheté avant l’échéance bénéficie d’un escompte —. Ces effets constituent donc — et surtout les effets longs, c’est-à-dire ceux dont l’échéance n’est point trop rapprochée — un placement. Supposons que le change d’un pays sur un deuxième étant à un certain niveau, le taux de l’intérêt vienne à monter dans le premier pays : on recherchera les effets sur ce pays, à cause de l’escompte plus élevé qu’ils comportent, et le change en sera modifié.

4o Il faut tenir compte, encore, de la confiance plus ou moins grande que la situation commerciale de chaque pays inspire aux autres pays. On ne prendra pas volontiers des effets sur un pays, si on a la crainte que quelque événement survienne qui compromette la solvabilité de ses commerçants et de ses banquiers.

5o Enfin il y a lieu de mentionner le rôle que jouent, dans la détermination des fluctuations du change, la spéculation, et toutes ces manœuvres qui s’y rattachent. Les effets de commerce ont une existence plus ou moins longue. Ceux qui les détiennent ne sont pas forcés de les vendre à jour fixe, comme aussi ceux qui en auront besoin ne sont pas forcés de les acheter à jour fixe. On en demandera donc, et on en offrira un prix plus ou moins élevé, non point seulement selon l’état présent des affaires, mais selon les prévisions qu’on fera sur les événements prochains.

272. Comment il convient d’apprécier les effets du change. — Quelle importance, au point de vue des intérêts nationaux, convient-il d’attribuer au change — favorable ou défavorable — et à ses variations ? Là-dessus, les opinions les plus divergentes ont été émises. On tient assez souvent qu’il est fâcheux pour un pays que le change sur l’étranger y soit au-dessus du pair : car lorsque le change monte au-dessus du pair, on est obligé d « donner davantage pour acquitter les mêmes dettes ou pour ache ter les mêmes marchandises. Mais on a dit aussi que le change au-dessus du pair — le change favorable, comme on l’appelle — était réellement favorable aux nations, puisqu’il encourage les exportations et qu’il contrarie au contraire les importations. À la vérité, la question est extrêmement complexe. Bornons-nous à donner deux indications.

1o En tant qu’elles résultent de l’augmentation ou de la diminution de