Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/54

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que jamais avec la seule induction on ne pourra établir pourquoi il y a un intérêt du capital. Au lieu que, en combinant d’une certaine façon ces causes et ces conditions dont nous parlions ci-dessus, on pourra montrer comment il se fait que les prêteurs reçoivent des emprunteurs un intérêt.

La déduction nous donne des secours pour toutes les questions. Elle permet, en même temps, de résoudre les problèmes de la science économique complètement, d’expliquer les phénomènes économiques d’une manière tout à fait satisfaisante pour l’esprit. Allant du simple au composé, elle peut mettre dans ses premières prémisses ces données psychologiques qui représentent les moteurs de toute la vie économique ; et les faits auxquels elle nous conduira en partant de ces données nous seront rendus par là parfaitement intelligibles.

Il faut, toutefois, que l’on comprenne bien que la déduction ne saurait être l’unique procédé de la méthode économique. La déduction part toujours de prémisses qu’elle n’a pas établies. Dans les mathématiques, ces prémisses sont les axiomes et les définitions, c’est-à-dire des vérités que l’esprit conçoit sans avoir besoin de recourir à l’expérience. Dans les sciences expérimentales, et par conséquent dans l’économique, ce sont des vérités d’expérience, que l’induction nous a fait connaître.

C’est l’induction qui fournit à la déduction son point de départ, ces propositions élémentaires qu’elle aura à combiner. L’induction servira encore, dans certains problèmes relativement complexes, à suggérer des déductions. Soit un phénomène économique à expliquer : une induction, même imparfaite, qui le rattachera à tel autre phénomène, nous invitera à faire une déduction qui l’explique — de la manière qui a été dite tantôt —, et nous aidera à trouver cette déduction.

Quant à l’observation, elle est, nous l’avons vu, la base de toutes les inductions nécessaires ou utiles ; et c’est elle, d’autre part, qui pose les problèmes de la science économique. Ce sont là des vérités trop évidentes pour qu’il faille y insister. L’observation, ajouterons-nous, nous renseigne sur l’importance des résultats obtenus par la déduction. Nous avons établi déductivement que tel fait tendait à produire telle conséquence : il ne la produira, toutefois, que si aucune cause contraire n’intervient ; mais est-il à attendre que de telles influences se manifestent ? l’observation seule pourra nous instruire là-dessus. Et quand un phénomène naît du concours d’une multiplicité de facteurs, c’est à l’observation de nous faire savoir l’influence plus ou moins grande de chacun de ces facteurs : ainsi dans le cas cité plus haut de l’intérêt du capital.

L’observation, au reste, jouera un rôle d’autant plus considérable, dans la science économique, que les problèmes abordés auront moins de généralité. Quand les problèmes, en effet, seront moins généraux, et par suite plus complexes, il y aura plus à faire pour en noter toutes les données, et