Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/549

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nous avons dit tantôt, il est clair qu’il faut se résigner à ne déterminer les nombres-indices qu’avec une certaine approximation. Comment, dés lors, s’y prendra-t-on ? Plusieurs procédés ont été employés.

1° On s’est servi parfois, pour établir les nombres-indices, des mono graphies de familles, et on a affecté les articles dont on relevait les prix de coefficients exprimant la place que tiennent ces articles dans les budgets de familles que l’on étudiait. Par là on peut arriver à connaître assez bien, par exemple, les variations du salaire réel des ouvriers. Mais on aura des résultats moins satisfaisants — on le comprendra sans peine — si l’on recherche comment le coût de la vie a varié pour l’ensemble des membres de la société ; et l’on ne connaîtra jamais que très mal les variations de la valeur de la monnaie, parce qu’on aura laissé de côté des catégories importantes de biens, parmi ceux que la monnaie achète.

2° Un procédé meilleur est celui qui consiste à prendre un certain nombre de marchandises, choisies parmi celles qu’on connaît pour être les plus importantes, et à noter les variations qui se sont produites dans leurs prix, sans s’inquiéter d’affecter ceux-ci de coefficients. Mais avec ce procédé, on risquera de négliger des marchandises qui, considérées, changeraient les résultats du calcul ; et de plus celui-ci sera faussé par le lait que les marchandises considérées auront été mises toutes sur le même rang.

3° On a eu recours aussi aux statistiques douanières. L’administration française des douanes, par exemple, a coutume de publier annuellement, pour le commerce extérieur de la France, deux statistiques successives, dont l’une est basée sur les taux d’évaluation de l’année précédente, tandis que la deuxième repose sur des évaluations des prix des marchandises propres à l’année. La comparaison de ces deux statistiques fait connaître les fluctuations des prix. Ces fluctuations, au reste, on peut les connaître autrement. Mais les statistiques douanières ont une autre utilité : on peut se fonder sur la place que les différents articles tiennent dans le commerce extérieur du pays pour déterminer les coefficients dont ces articles devront être affectés. L’inconvénient, c’est que des articles peuvent tenir une grande place dans les statistiques du commerce extérieur qui en tiendront une moins grande dans les transactions du commerce intérieur — lequel est beaucoup plus important -, et inversement.

Toutefois, il ne faut pas s’exagérer les défectuosités des procédés que nous venons de signaler. L’expérience révèle ce fait que les index-numbers établis, pour les mûmes périodes, par les méthodes les plus différentes s’écartent les uns des autres beaucoup moins que le raisonnement théorique ne nous porterait à croire. Landry