Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/565

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319. La dualité des métaux. — Le fait que deux métaux sont employés simultanément comme monnaie apportera à la théorie une complication nouvelle ; cela, toujours, si la frappe des métaux est libre.

Supposons, en premier lieu, que la loi fixe le rapport entre la valeur des deux monnaies ; et mettons que ce rapport soit 1 à 15,5. Pour que l’équilibre s’établisse, il faut que deux conditions soient remplies : 1° il faut que le rapport des valeurs d’usage marginales des deux métaux en tant qu’ils sont employés dans l’industrie soit lui aussi — en négligeant les frais du monnayage, et de la fabrication des objets — là 15,5 ; 2° il faut que la valeur d’usage marginale de chaque métal, en tant qu’il est employé dans l’industrie, corresponde — de la façon qui a été indiquée tantôt — à la valeur d’échange du même métal, en tant qu’il sert de monnaie. Notons que si la première condition se trouve remplie, la valeur d’usage marginale d’un métal dans son emploi industriel ne pourra pas correspondre à sa valeur d’échange comme monnaie sans qu’il en aille de même pour l’autre métal. Quant à la façon dont l’équilibre s’établira, elle est ana logue à celle dont il s’établissait dans l’hypothèse précédemment envisagée d’un seul métal-monnaie.

On peut supposer, en deuxième lieu, que la loi ne fixe pas le rapport de valeur des deux monnaies. Dans ce cas, les conditions de l’équilibre seront les suivantes : 1° il faut que le rapport de valeur des deux monnaies corresponde au rapport des valeurs d’usage marginales des deux métaux, considérés dans leur emploi industriel ; 2° il faut que la valeur d’usage marginale de chaque métal, en tant qu’il est employé dans l’industrie, corresponde à la valeur d’échange du même métal, en tant qu’il sert de monnaie. Cette deuxième condition est identique à la deuxième condition de tantôt ; ce n’est que la première condition qui a changé.

320. Autres théories sur la valeur de la monnaie. — Il faudrait, pour terminer, comparer la théorie que nous venons de développer — et qui est, comme on a pu le voir, la théorie quantitative rectifiée et complétée — aux autres théories que l’on a émises sur le même sujet. Ces théories sont au nombre de deux. La première veut que la valeur de la monnaie dépende de son coût de production. Nous avons déjà rencontré cette théorie, et nous avons dit dans quelle mesure — faible à la vérité — on peut accepter la thèse qu’elle soutient. La deuxième théorie est la théorie étatiste : elle veut que la valeur de la monnaie dépende des lois que l’État édicté au sujet de celle-ci. Cette théorie, si on la présente d’une certaine façon, est juste ; elle met en relief des faits à coup sûr très importants : il est certain qu’en décidant que l’on fabriquera de la monnaie avec tel ou tel métal, en décrétant la frappe libre ou en l’abolissant, en établissant tel rapport fixe entre la valeur des différentes monnaies, en autorisant l’émission des billets de banque, etc., les lois exercent ici une influence considé