Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/592

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commerce, à un cabinet d’affaires, à une marque de fabrique, à une invention — etc. —, puisque toutes ces choses rapportent, et qu’elles se vendent. Si ces applications du concept de la rente n’ont pas été vues sou vent, ou ont été repoussées, c’est parce qu’on a fait entrer dans la définition de la rente, comme nous Pavons dit, des éléments qui ne doivent pas y prendre place : le revenu des mines, par exemple, n’est pas éternel ; les inventions sont dues au travail de l’homme ; etc. Mais que l’on ne laisse dans la définition de la rente que ce qui doit s’y trouver, et alors on ne pourra pas refuser de donner à la notion de la rente l’extension que nous venons d’indiquer.

2. Les autres revenus.

338. L’intérêt. — L’intérêt, nous le savons, est le revenu du capital. Le capital est un objet d’échange en ce sens qu’on achète et qu’on vend sur le marché le droit à la disposition de telle somme d’argent, de telle valeur en nature pendant telle ou telle durée. Ce droit à la disposition du capital se paie un prix, qui est le même pour tous les capitaux cédés sur le marché à un moment donné, du moins par rapport à des prêts de même durée, et qui pour des prêts d’inégale durée se proportionne au temps pour lequel ils sont consentis.

L’intérêt sera tout d’abord ce prix que l’on paie pour avoir l’usage du capital. Et quand des capitaux sont employés par ceux-là mêmes qui les ont constitués, l’intérêt sera dans le rendement du capital — dans ce que l’emploi du capital ajoute au revenu total du capitaliste — cette part que le capitaliste pourrait obtenir en prêtant son argent. Imaginons par exemple un agriculteur qui cultive sa terre, et qui en tire 3.000 francs par an ; si, dépensant 50.000 francs pour l’amélioration de son bien, il accroît son revenu annuel total de 2.500 francs, et que cependant le taux auquel l’argent se prête soit 4 % l’intérêt du placement que notre homme a fait se calculera d’après ce taux, et des 2.500 francs de rendement annuel que donne l’avance de 50.000 francs, 2.000 représenteront cet intérêt — le surplus étant une rente —.

On distingue souvent un intérêt brut et un intérêt net. Ce que nous avons dit de l’uniformité du taux de l’intérêt, dans un même moment, sur un même marché, ne s’applique qu’à l’intérêt net. Quant à l’autre, ce serait l’intérêt net, augmenté d’une prime qui assure le prêteur contre le risque de non-remboursement. Cette distinction est d’une grande importance. Il est clair au reste que de l’intérêt dit brut et de l’intérêt dit net c’est le deuxième qui mérite particulièrement d’être regardé comme l’intérêt véritable.