Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/595

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qui ne vendent point l’usage de leur force de travail, et qui ne vendent pas non plus de services. Que sera au juste le salaire, dans ce cas que nous venons d’indiquer des gens qui travaillent à leur compte ? Ce sera cette part de leur revenu que les gens en question devraient, s’ils travaillaient pour le compte d’autrui, à leur travail. Un entrepreneur tire de son entreprise un revenu de 15.000 francs : si nous supposons que cet entrepreneur, prenant dans une entreprise qui ne serait pas à lui l’emploi où il gagnerait le plus, dût recevoir 5.000 francs d’appointements, un tiers de son revenu représentera un salaire.

340. Le profit. — Le mot « profit » est employé dans deux sens différents.

1° On désigne très souvent par ce mot le revenu de l’entreprise — revenu qui peut être plus étroit que celui de l’entrepreneur, puisque celui-ci peut avoir en dehors de son entreprise des capitaux placés, des terres, etc., mais qui peut être aussi plus large, parce qu’on y comprend l’intérêt des capitaux de l’entreprise, et que ceux-ci peuvent ne pas appartenir en tota lité à l’entrepreneur —. C’est du profil ainsi entendu que l’on a dit plus d’une fois que son taux tendait à s’égaliser d’une entreprise à l’autre, ou encore qu’il allait s’abaissant de plus en plus. Et comme le capital joue un rôle considérable dans les entreprises, on a parlé souvent ici de profit du capital.

2° De plus en plus, cependant, les économistes réservent au mot « profit » un autre sens. Le profit serait ce qui reste à l’entrepreneur, après qu’on a retranché du revenu qu’il tire de son entreprise ce qu’il peut contenir de rente, d’intérêt et de salaire. Le profit, de la sorte, se définit comme un excédent. Et dès lors la question se pose — nous l’examinerons plus loin — de savoir si un tel excédent existe, du moins par rapport aux entrepreneurs en tant que classe.

III. — La rente

1. La rente en général[1].

341. Rente différentielle et rente absolue. — Lorsqu’on a entre pris de donner de la rente une théorie qui ne fût point purement verbale — comme celle qui se borne à dire que la rente est un don de la nature —, c’est aux conditions différentes des biens d’où on la tire — des fonds —

  1. Lire Marshall, Principles, liv. VI, chap. 9, Hobson, Economics of distribution, chap. 4, 1re partie, Carver, Distribution of wealth, chap. 5.