Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/604

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1° La rente agricole varie avec la demande des produits de la terre. La population restant stationnaire, cette demande peut augmenter ou diminuer, et alors la rente, selon le cas, montera ou baissera. Toutefois, nous n’insisterons pas là-dessus, nous réservant de revenir sur cette hypothèse de l’appréciation ou de la dépréciation des produits de la terre pour en expliquer la signification et en montrer les conséquences. Mais nous pouvons parler de ces variations dans la demande des produits agricoles qui résulteront des variations de la population. Imaginons qu’on ait dans un pays un accroissement de la population. Si l’excédent de celle-ci se transporte, au fur et à mesure qu’il se produit, sur des territoires inhabités et que, défrichant ces territoires, il réussisse à en tirer tout ce qui lui est nécessaire comme denrées agricoles, alors il y aura formation de renies dans la contrée ainsi colonisée, cependant que rien ne sera changé par ailleurs. Mais s’il y a augmentation de la population sur un territoire peuplé et cultivé, il devra résulter de là une hausse de la rente agricole : car il faudra reculer la marge de la culture, soit en défrichant des terres dont l’exploitation jusque-là n’avait pas été rentable, soit en intensifiant l’exploitation des terres déjà cultivées. Dira-t-on qu’un peuple qui se multiplie peut acheter au dehors le surplus de denrées agricoles qui lui devient nécessaire ? Encore faut-il que le progrès de son industrie lui permette de le faire. Et d’ailleurs s’il le fait, ce qui en résultera, c’est que la hausse de la rente se manifestera à la fois chez lui et dans les pays où il ira se fournir. Elle se manifestera chez lui, disons-nous : la nécessité, en effet, où il se trouvera d’importer des produits d’un autre pays, ou d’en importer une plus grande quantité, n’ira pas sans permettre aux propriétaires fonciers de ce pays de vendre plus cher leurs récoltes.

2° La facilité croissante des communications, le bon marché croissant des transports a une influence sur les rentes agricoles. Celte influence consiste tout d’abord à faire baisser certaines rentes d’une part, et à en faire monter certaines autres d’autre part. Si les consommateurs d’un pays, au lieu de n’avoir à leur disposition que les produits de ce pays, sont mis à même, grâce au développement des transports, de se fournir ailleurs, les rentes agricoles baisseront chez eux, cependant qu’elles monteront dans ces pays dont ils deviendront les clients. C’est ce qui est arrivé, par exemple, quand les produits du sud-est de l’Europe, ceux de l’Inde, des États-Unis, etc. ont pu venir concurrencer les produits de l’Europe occidentale et centrale sur leurs marchés nationaux. Par rapport à l’en semble des nations, maintenant, il est bien difficile de dire ce qui se passera. On peut admettre sans doute — encore que cette proposition, comme nous aurons à le voir, ne soit pas nécessairement vraie — que l’élargissement de la concurrence et son intensification aura comme conséquence une utilisation meilleure des terres, que la production agricole se