Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/616

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gnement des propriétaires, lesquels seraient dans la population l’élément le plus instruit, contribuera à perpétuer dans les campagnes l’ignorance et l’esprit de routine, et par là empêchera ou retardera les progrès de l’agriculture. Ces critiques contre le fermage n’ont pas une portée universelle. L’extension du régime du fermage n’implique pas nécessairement l’absentéisme ; l’absentéisme, d’ailleurs, n’entraîne pas toujours l’insuffisance des capitaux employés dans l’agriculture et la stagnation intellectuelle de ceux qui cultivent la terre. Et pour ce qui est du mal que nous avons dit tantôt, il est possible d’y remédier dans une grande mesure : il suffit d’édicter, comme il a été fait dans plusieurs pays, qu’au moment de la terminaison du bail il sera tenu compte au fermier des améliorations qu’il aura apportées à la terre, et d’une façon générale de l’état dans lequel il laissera celle-ci. D’autre part, cependant, il est des arguments que l’on a produits en faveur du fermage. Le principal est celui qui consiste à représenter que, grâce au fermage, la culture de la terre peut être confiée à ceux que leurs goûts, leurs aptitudes, leur savoir mettent en état de tirer d’elle le meilleur parti. On a même dit, spécialement, que sans le fermage quantité de propriétaires — les interdits, les mineurs, certaines femmes encore — se raient dans l’impossibilité de rien faire de leurs biens. A la vérité, ceux qui sont tout à fait incapables d’exploiter leurs terres eux-mêmes, s’ils n’avaient pas la ressource d’affermer celles-ci, auraient encore celle de les vendre. Mais ce qui est certain, c’est que sans le fermage, beaucoup de gens exploiteraient leurs terres qui ne les exploiteraient pas aussi bien que des agriculteurs de profession. En définitive, ainsi que nous l’avons dit déjà, il n’est pas possible de prétendre que le régime du faire-valoir soit toujours préférable à celui du fermage, ou inversement. Une question pareille ne peut être résolue que pour chaque espèce séparément, en considérant la nature des cultures, les dimensions des exploitations, et d’autres circonstances encore. 354. Données statistiques. — Quelle est, en fait, l’importance relative des régimes que nous venons d’étudier (1) ? En France, entre 1882 et 18 ! I2, la superficie des terres cultivées par leurs propriétaires est tombée de r>9, 77 c/o à 52, 8 %, et celle des terres cultivées par des métayers de 12, 99 % à 10, 9 7o. cependant que la superficie des terres affermées mon tait de 27, 24 % à 30, 3 %. Entre 1862 et 1892, le nombre des cultivateurs exploitants est passé de 4.387.819 à 4.193.739 ; des exploitants de 1862, 1.812. !)73, soit 41, 3 •/<>• cultivaient exclusivement leurs biens, 1.987.186, (1) Voir, en plus de l’article de Paaache cité plus haut, Bourguin, Les syslcw socialistes, cliap. 13, § IV, pp. 216-217, et Annexe V, 5 ».