Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/622

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cours des siècles, dans les grandes villes modernes, à mesure qu’elles augmentaient en population. Le prix moyen du mètre carré du terrain, dans l’intérieur de l’enceinte actuelle de Paris, était — si nous ne nous préoccupons pas des variations de la valeur de la monnaie — de 2 centimes au XVe siècle, de 36 centimes au XVIe siècle, de 4 fr.50 au xvii", de 28 francs au xvin", et il est aujourd’hui de 130 francs. La valeur totale du sol et des constructions serait montée de 92 millions au xvi" siècle à 16,5 milliards en 189">; sur ce chiffre, les maisons représenteraient 10,7 milliards, dont 4,2 sont pour le sol tout seul. A Berlin, sur la place de la Conciergerie, le mètre carré de terrain valait — en monnaie d’aujourd’hui — de 20 à 40 pfennigs au xvu’- et au xvmc siècles, de 2 à 4 marks en 1800, de 72 à 430 marks en 1805 ; il valait 1.290 marks en moyenne en 1895 ; sur le quai des Électeurs, la valeur totale du terrain était de 100.000 marks en 1860, de 1 million de marks en 186a, de 14 millions en 1885 et de 50 en 1898. Pour la ville entière, la valeur du sol et des bâtiments serait passée, en 1842 et 1892, de 395 millions de marks à 5.967. A Vienne, la valeur des terrains bâtis se serait élevée de 800 millions de florins entre 1860 et 1899. A Londres, la valeur locative aurait monté, dans la période 1871-91, de 24 millions de livres à 40 ; sur ces 16 millions d’augmentation, 7, 15 appartiendraient au sol. Des faits plus extraordinaires encore se sont passés dans certaines villes d’Amérique. On sait que Chicago comptait 50 habitants en 1830, et 1.800.000 en 1902 : le quart d’acre y valait 20 dollars en 1830, 1.000 en 1842, 175.000 en 1881, 1.000.000 en 1891, 1.250.000 en 1894. On a beaucoup commenté les faits que nous venons de citer ; et il est certain que l’enrichissement des propriétaires des terrains dans telle et telle grande ville a quelque chose de scandaleux. Nous avons vu que la productivité des terres cultivées était due souvent en partie aux travaux exécutés sur ces terres : la valeur d’un site à bâtir ne résulte aucune ment — sauf tels cas exceptionnels — de l’activité de son propriétaire, de dépenses faites par lui. Il ne faudrait pas croire, cependant, que la rente des terrains construits doive monter nécessairement, ni qu’elle monte partout. Nous avons eu occasion de signaler que même dans les villes dont la population s’accroît on voit des quartiers qui perdent. Et puis il y a des villes, des agglomérations qui décroissent, ou qui restent station nâmes. Des recherches instructives sont celles qui ont été faites au sujet des variations historiques de la rente des maisons dans les villes et dans les villages de France. Dans les villes de province, le lover moven des maisons serait passé de 92 francs au vu" siècle à 41 au xiv"’, à 290 au xvu*, et à 588 en 1890 ; dans les villages, ce loyer aurait été de 15 francs au vu" siècle, de 10 au xive, de 21 au xvne ; il aurait été, en 1890, de 91 francs dans les endroits de 2.000 à 5.000 habitants et de 51 francs dans