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succès ou celui-ci, ou celui-là. Dans la science, chacun doit s’efforcer d’utiliser au mieux, pour l’avancement de l’œuvre commune, les facultés qui lui ont été départies. Celui qui est particulièrement apte à découvrir par l’induction des lois nouvelles cherchera à tirer le meilleur parti possible de ce don. Celui qui est apte à enchaîner des déductions rigoureuses, ou à inventer des figures pour rendre mieux apparentes certaines relations des faits, celui-là fera de l’économique déductive, ou spécialement géométrique. Et chacun se gardera de proscrire les procédés différents dont usent les autres savants. L’exclusivisme méthodologique n’a fait que trop de tort, jusqu’à présent, aux progrès de la science économique.


VIII. — Plan de l’économique, et du présent ouvrage[1].

24. De divers plans. — La question du plan suivant lequel il convient de distribuer les différentes parties de l’économique n’est pas une question très importante : l’essentiel est que ces parties soient bien traitées. Il y a cependant des avantages didactiques à adopter tel plan plutôt que tel autre : un bon plan — surtout dans un ouvrage élémentaire — facilite l’étude. On peut même dire qu’il y a une certaine manière d’enchaîner les problèmes qui correspond mieux que les autres, en un sens, à l’enchaînement des faits.

Passons donc en revue les principaux des plans qui ont été proposés pour l’économique.

1° Une première façon de distribuer les matières de l’économique est celle qui sépare l’histoire, la science et l’art. Cette distribution ne serait guère heureuse. Considérons d’abord l’histoire et la science. Si l’histoire peut être isolée de la science, si l’on peut s’appliquer à décrire et à dénombrer les faits sans se préoccuper de les expliquer, on ne peut pas, en revanche, établir et exposer les lois qui régissent les faits sans s’occuper de ceux-ci en même temps. Il y a bien des ouvrages de science économique qui ne mentionnent pas de faits particuliers, où l’on ne trouve par exemple aucune indication statistique : ce sont des ouvrages qui ne s’occupent que des questions les plus générales de l’économique, de ces questions que l’on peut traiter par la déduction, en se basant sur les seules observations familières. Mais là même, comme il a été vu, l’étude des faits particuliers, l’étude historique est nécessaire pour nous donner une idée de l’importance relative de ces facteurs.

  1. Sur le plan — ou la systématique, comme disent les Allemands — de l’économique, voir Cossa, Introduzione, première partie, chap. 2, et Wagner, Grundlegung §§ 102-105 (trad. fr., t. I).