Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/736

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millions de livres ; 178.300 revenus allant de 300 à 1.000 livres faisaient un total de 87 millions ; 57.300 revenus de plus de 1.000 livres faisaient un total de 209 millions. En laissant de côté la distinction des travailleurs manuels et des autres personnes, on a 12,4 millions de revenus inférieurs à 100 livres, qui se montent, réunis, à 405 millions de livres, 1,2 million de revenus entre 100 et 1.000 livres qui font ensemble 198 millions, et 57.300 revenus de plus de 1.000 livres qui font 209 millions. En 1885, on estimait que 1.500.000 personnes frappées par l’income-tax avaient ensemble 602 millions de livres de revenus, et que 15 millions de personnes non frappées par cet impôt avaient 608 millions de livres de revenus.

416. Les variations de l’échelle des revenus. — Est-il possible de tirer des conclusions générales des chiffres rapportés ci-dessus et des autres chiffres que l’on possède sur la même question, relativement aux variations qui se produisent sous nos yeux dans l’échelle des revenus ? Certains auteurs ont prétendu que notre époque était caractérisée, à ce point de vue, par un enrichissement croissant des riches d’une part, et d’autre part par un appauvrissement croissant des pauvres. D’autres, au contraire, ont soutenu que les revenus allaient s’égalisant. L’une et l’autre thèse sont fausses.

Il est inexact que la condition de la classe ouvrière aille en empirant. Les indications que nous avons données au sujet des mouvements du salaire le prouvent. Voici d’autres faits qui le prouvent également. En Prusse, la proportion des individus assujettis à l’impôt sur le revenu, et par conséquent jouissant d’un revenu de 900 marks, a passé de 8,15 %, en 1892 à 10,88 en 1902 ; de 10.000 habitants, en 1892, 709 avaient de 900 à 3.000 marks de revenu ; en 1899, ce nombre devenait 821, et en 1902, 1.088. En Saxe, entre 1894 et 1900, la proportion des revenus inférieurs à 400 marks est tombée de 17,70 % à 10,82 ; celle des revenus inférieurs à 800 marks est tombée de 65,28 % à 55,69 — elle était de 76,9 en 1879 — . Dans le grand-duché de Bade, parmi les personnes soumises à l’impôt sur le revenu, 63,7 % avaient, en 1886, un revenu compris entre 500 et 900 marks, et 56,75 % seulement en 1899.

Mais si les revenus s’élèvent dans toutes les classes sociales, ils ne s’élèvent pas en telle sorte que les distances diminuent qui séparent ces classes. La hausse des salaires est très loin d’être proportionnelle à l’accroissement des revenus des nations. Dans le court espace qui sépare les années 1895 et 1900, on a estimé qu’en Allemagne les revenus supérieurs à 3.000 marks avaient augmenté dans la proportion de 41 %, et les revenus inférieurs à cette somme seulement dans celle de 17 %.

417. Le paupérisme. — Il y a lieu de donner une attention particulière, quand on étudie l’échelle des revenus, aux gens qui se trouvent tout à fait au bas de cette échelle, c’est-à-dire à ceux dont les revenus ne sont pas