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intérêt pratique de considérer les besoins en tant qu’ils seraient satisfaits complètement.

Quand on s’occupe de l’importance des besoins, on suppose, à l’ordinaire, qu’une certaine dépense peut être faite pour la satisfaction de ces besoins, et l’on considère comment cette dépense sera répartie. Le besoin le plus important, dès lors, ce sera soit celui dont la satisfaction, étant donné la répartition qui aura été faite de la dépense, représentera pour notre individu le plus de bien-être, soit ce besoin pour la satisfaction duquel il aura été dépensé le plus — les deux choses ne sont pas pareilles, même si les dépenses ont été bien réglées, parce que des sommes égales dépensées successivement pour la satisfaction d’un besoin nous procurent des quantités de bien-être décroissantes, et que ces quantités décroissent selon une échelle variable — , soit enfin celui pour lequel le rapport du bien-être obtenu à la dépense faite sera le plus grand. Mais c’est à la grandeur de la dépense, le plus souvent, que l’on mesurera l’importance du besoin : car cette grandeur de la dépense, seule, se laisse évaluer facilement.

Qu’est-ce donc qui déterminera l’importance relative — entendue comme on vient de voir — des besoins ?

Il faut distinguer ici deux sortes de facteurs, dont les uns influent sur le coût des biens qui servent à satisfaire les besoins, et les autres sur nos désirs. Quand on parle des causes qui font varier l’importance relative de nos be soins, c’est à la seconde catégorie que l’on pense d’ordinaire. Voici quels sont les principaux facteurs de cette catégorie.

1° Il y a d’abord l’étal général de la civilisation, c’est-à-dire le développement intellectuel et moral des hommes de la société que l’on considère, la direction de leurs pensées et de leur activité, l’avancement de leur savoir, la forme de l’organisation sociale, etc. Nous avons noté, dans le tableau des besoins qui a été donné plus haut, que le besoin de défense, à la satisfaction duquel les hommes primitifs dépensaient une part notable de leur travail, ne tient plus dans nos budgets d’aujourd’hui qu’une place toute petite : combien de gens, même, qui n’ont pas une seule arme chez eux ! Nous dé pensons beaucoup, en revanche, pour des besoins qui jadis étaient in connus : le besoin de voyager semble n’avoir pris naissance que tout récemment ; et l’on peut prévoir que dans peu de temps ce besoin absorbera une part assez forte du budget dans une partie notable de la population de nos pays.

2° La classe sociale à laquelle les individus appartiennent contribue à déterminer leurs goûts : c’est un point qui a été louché déjà.

3° Il faut tenir compte de l’âge, du sexe, de la profession, etc.

4° Le caractère individuel joue lui aussi un grand rôle, et qui grandit davantage d’âge en âge : car l’évolution de l’humanité se fait dans le sens d’une différenciation croissante des individus.