II. — Les biens.
1. Définition des biens.
32. Les biens en général. — Par le nom de biens il y a lieu de désigner tout ce qui, d’une manière ou de l’autre, contribue à satisfaire nos besoins.
Pour qu’une chose puisse être appelée un bien — le mot « chose » est employé ici dans son sens le plus vague — , trois conditions sont requises.
1° Il faut que la chose en question soit propre à satisfaire, ou qu’elle puisse contribuer à satisfaire l’un au moins de nos besoins : il faut, comme l’on dit communément, qu’elle soit « utile ».
2° Il faut, d’autre part, que l’on ait connaissance de l’ « utilité » de cette chose. Il y a certainement par le monde quantité de substances, quantité de forces qui aujourd’hui ne nous servent de rien, et que l’on trouvera quelque jour le moyen d’utiliser — nous ne parlerons pas de celles qui sont utiles déjà, et auxquelles on découvrira des utilités nouvelles — : ces substances, ces forces, ne deviendront des biens que ce jour-là. Les forces développées par les chutes d’eau dans les montagnes n’étaient point des biens — sauf lorsque ces chutes ajoutaient à la beauté des sites — avant qu’on ne se fût avisé de les capter pour produire de l’électricité.
3° Il faut enfin, pour qu’une chose soit un bien, qu’elle nous soit accessible. Les métaux qui se trouvent en si grande quantité dans les corps célestes — c’est un exemple classique — ne sont pas des biens, parce qu’il nous est impossible d’en prendre possession.
33. Les biens économiques. — L’économique n’a pas à s’occuper de tous les biens. Elle s’intéresse seulement, nous le savons, aux biens échangeables. Nous appellerons donc biens économiques les biens qui peuvent être échangés[1]. Les biens, pour être des biens économiques, doivent remplir plusieurs conditions.
1° Il faut qu’ils puissent être appropriés, ou affectés exclusivement à la jouissance d’un individu. Or il est des biens qui ne sont pas dans ce cas. C’est parfois leur nature même qui en est cause : ainsi il est matériellement impossible à un individu de se réserver la jouissance exclusive de la lumière qui rayonne dans la partie élevée de l’atmosphère. D’autres fois, cela résulte de la loi : il y a dans chaque pays un domaine public qui, pour les nationaux du pays tout au moins, est l’objet d’une jouissance commune.
- ↑ Dans la suite de cet ouvrage, il nous arrivera très souvent d’employer le mot « biens » pour désigner les seuls biens économiques.