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CHAPITRE III

LE DEVOIR

I

La connaissance de la vraie nature du problème moral permet de fixer les justes déterminations de la notion du devoir. Sans doute nous ne sommes pas encore en mesure de donner une matière au devoir ; et celui-ci ne prend toute sa réalité qu’autant qu’on lui assigne un objet, qu’on l’attache à une fin déclarée bonne : c’est à tort, ainsi qu’on l’a vu, que M. Rauh parle d’un devoir d’être logique qui existerait par lui-même, comme si la morale pouvait être intéressée à ce qu’on demeurât d’accord avec soi-même quand il s’agit de mal faire ; et lorsque M. Fouillée déclare que le fait de déduire de la raison et de ses exigences l’idée du devoir ne résout pas le problème moral, il est dans le vrai. Mais d’autre part le même M. Fouillée n’est pas en droit de prétendre que ce devoir ainsi déduit — le devoir-faire, comme il l’appelle — n’a rien de commun avec le devoir dont la morale nous entretient, et que les spéculations auxquelles on se livrera sur son compte demeureront vaines[1].

  1. Critique des systèmes de morale contemporains, pp. 89-91 (III, 2) ; cf. Le devoir-faire et le devoir, Revue de métaphysique, 1904, pp. 259-260.