Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/90

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gnent pas autre chose que des procédés pour atteindre ces fins ; la morale, elle, cherche à déterminer la valeur des différentes fins — et c’est pourquoi tous les arts, toutes les pratiques relèvent, en définitive, de la morale —. Mais la façon dont Renouvier aborde la morale ôte-t-elle à celle-ci ses caractères spécifiques pour la confondre avec les techniques ? pas le moins du monde. Elle ne mériterait ce reproche que si, faisant découler la morale, le devoir, de notre caractère d’être raison nables, on ne savait voir que certaines des exigences de la raison, celles-là que les arts, par une limitation tout arbitraire, se préoccupent de satisfaire à l’exclusion des autres. Et peut-être l’analyse de Renouvier n’a-t-elle pas été assez pénétrante ni assez précise, comme celle de Spencer, comme celle de Kant et d’autres philosophes encore. Sa méthode néanmoins est correcte : de cela seul que nous nous trouvons sans cesse en présence d’alternatives à résoudre, et que, en même temps, nous sommes doués de raison, l’existence du devoir résulte pour nous ; et il nous suffira — n’est-ce pas là après tout une espèce de tautologie ? — de savoir comment notre raison parle et agit en nous pour apprendre ce qu’est au juste le devoir.

C’est un besoin que nous éprouvons, par cela même que nous sommes raisonnables, de pouvoir justifier tous nos actes ; le devoir n’est rien que la traduction de ce besoin : il participera donc de la nature du besoin rationnel pratique. Mais quelle est cette nature ? Si nous examinons les choses sans subir l’influence d’aucun préjugé religieux, métaphysique