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Traité populaire d’agriculture

Le chaulage opère aussi en mettant en liberté certains éléments minéraux du sol.

L’argile, nous l’avons vu, est un silicate d’alumine, c’est-à-dire un composé d’acide silicique et d’alumine. Ce silicate n’est pas pur, aussi l’argile contient-elle, mélangés à sa substance, différents autres sels, tels que la potasse, la soude, etc.

Or, par un contact suffisamment prolongé avec la chaux, l’argile éprouve une décomposition partielle ; la potasse et la soude sont mises en liberté, il se forme en outre de la silice gélatineuse, soluble ; autant de substances qui concourent à la nutrition des plantes.

La chaux, un peu soluble dans l’eau, sert elle-même d’aliment et pénètre avec les autres substances dans le tissu végétal.

La chaux, nous l’avons vu aussi, est une base, c’est-à-dire un corps jouissant de la propriété de se combiner avec les acides ; elle neutralise donc l’acidité que l’on a souvent signalée dans certains sols.

Si le sol n’est pas rendu acide par la présence de l’humus acide, il contient toujours du moins une certaine quantité d’acide carbonique provenant de l’air et des combustions lentes qui s’effectuent dans la couche arable. La chaux se combine alors avec cet acide et devient carbonate de chaux.

À l’état de carbonate, la chaux devient complètement insoluble ; elle se dissout néanmoins dans l’eau, à la faveur d’une petite quantité d’acide carbonique en excès et concourt ensuite à la nutrition des plantes.

La chaux — et c’est la conclusion que nous devons tirer de l’étude que nous venons d’en faire — ne peut pas être considérée comme engrais, comme une substance propre à rétablir les forces d’un terrain ; c’est un moyen d’amender le sol et de mettre en activité ses richesses inertes, mais il exige impérieusement le con-