Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

relle de l’esprit humain ne s’épanouit complètement qu’à notre époque ; cette intuition se manifeste comme le véritable Esprit-Saint, qui doit nous conduire à toute vérité. Hegel donna à ces pensées une direction plus précise. Sa conception de l’histoire universelle représente le dualisme de l’esprit et de la nature comme une époque grandiose de transition reliant une période inférieure à une période supérieure épurée, d’unité ; cette pensée se rattache d’une part aux motifs les plus intimes de la doctrine ecclésiastique et de l’autre aux tendances qui aboutiront à la complète élimination de toute religion. Comme ces idées se répandaient de plus en plus, l’Allemagne dut naturellement jeter un regard rétrospectif sur l’antiquité classique, et particulièrement sur la Grèce, dont le génie avait tant d’analogie avec le sien ; sur la Grèce, où cette unité de l’esprit et de la nature, vers laquelle nous devons marcher de nouveau, s’est réalisée mieux que partout ailleurs. C’est notamment dans un passage de Strauss que Czolbe trouve heureusement résumé le résultat de ces pensées.

« Matériellement, dit Strauss dans ses réflexions sur Julien, ce que cet empereur tenta de conserver des traditions anciennes se rapproche de ce que l’avenir doit nous apporter : c’est la libre et harmonieuse humanité de l’hellénisme, la virilité du génie romain qui ne s’appuie que sur lui-même, auxquelles nous nous efforçons de revenir, après nous être dépêtrés de la longue période du moyen âge chrétien et enrichis de ses trésors intellectuels et moraux. » Si l’on se demande quelle sera, dans l’avenir, la conception de l’univers, on peut répondre que le sensualisme réalisera l’espoir de Strauss, autant que la clarté de la pensée semble exiger l’unité harmonique de toute notre vie consciente, et que le renoncement à ce dont la science démontre l’impossibilité ou le néant semble réclamer une certaine virilité de sentiment ou de caractère. »

Ainsi parle Czolbe, et comme, dans un écrit publié plus