Aller au contenu

Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

métalliques furent trouvées sensiblement d’accord avec les différents tons. Ainsi l’idée de la théorie des vibrations de la lumière fut d’abord rejetée et admise plus tard sur le témoignage des sens et des calculs de l’entendement ; on pouvait voir les phénomènes d’interférence.

De là résulte déjà que l’idéaliste lui-même peut être un savant ; mais ses investigations auront habituellement un caractère révolutionnaire, de même qu’il représente la pensée révolutionnaire en regard de l’État, de la vie sociale et des mœurs dominantes.

Ici il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une différence en plus ou en moins. Si l’on fait abstraction du petit nombre de représentants de systèmes conséquents, il y a dans la vie aussi peu d’idéalistes et de matérialistes — en tant que classes distinctes d’individus — qu’il y de flegmatiques et de bilieux. Il serait puéril de croire qu’aucun homme, à conceptions fortement matérialistes, ne pourrait avoir une idée scientifique renversant de fond en comble les notions traditionnelles. Aujourd’hui notamment que la marche des intelligences est dirigée dans ce sens, nos savants ont presque tous suffisamment d’idéalisme, encore qu’ils n’admettent guère que ce qu’ils peuvent voir et sentir.

Dans l’histoire des sciences modernes, nous ne pouvons pas, avec la même certitude que pour l’antiquité, discerner les influences du matérialisme d’avec celles de l’idéalisme. Tant que nous ne possédons pas des biographies circonstanciées, embrassant l’homme tout entier, des principaux chefs du progrès scientifique, nous sommes placés sur des sables mouvants. La pression de l’Église a le plus souvent empêché la manifestation sincère de la pensée ; et plus d’un homme éminent ne nous a jusqu’ici parlé que par les faits qu’il a découverts, tandis que nous pouvons supposer en lui une riche intelligence, de puissantes luttes de l’esprit et un trésor d’idées profondes.

La plupart de nos savants ne font guère cas des idées,