Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/221

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que les substitutions, c’est-à-dire le remplacement d’un atome, dans une molécule, par un autre ou par une combinaison d’autres, qui peut être regardée comme achevée, se laissaient classer d’après le principe de la quantivalence et déterminer a priori. De simples combinaisons on pouvait ainsi déduire régulièrement des combinaisons de plus en plus complexes, et l’on a trouvé quantité de substances organiques d’une structure très-compliquée, en se dirigeant, dans les essais, d’après la loi de la quantivalence et de l’enchaînement des atomes qui en résulte.

Tout d’abord le fait de l’isomérie avait force d’admettre que les propriétés des corps ne dépendent pas seulement de la quantité et du caractère des éléments qu’ils renferment, mais qu’un arrangement différent des atomes doit exercer de l’influence ; aujourd’hui, le mode d’après lequel les atomes se combinent dans les molécules est devenu le principe capital des recherches et de l’explication des faits, surtout depuis que l’on a trouvé en outre dans le carbone un étément d’atomes à quatre atomicités (type gaz des mines), auquel s’ajoutèrent bientôt, du moins hypothétiquement, des atomes à cinq et à six atomicités.

Ici la méthode et la théorie de la connaissance ont intérêt à étudier t’étrang’e indécision des chimistes entre une conception sensible concrète et une conception abstraite dû l’atomicité. D’un côté, on craint de transporter sur ce terrain obscur des conceptions imaginaires dont l’accord avec la réalité pourrait à peine être regardé comme problématique d’un autre côté, on est guidé par le désir très-juste de ne rien admettre qui ne puisse — d’une ou de plusieurs manières différentes — être représenté sensiblement, du moins avec netteté ; on parle donc des « points d’affinité » des atomes, de leurs « adhérences » mutuelles, des points « occupés » et des points encore libres, comme si l’on distinguait sur le corps étendu et cristallisé de l’atome, des points tels, par exemple, que les pôles d’une force exerçant