Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/237

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les choses en soi, quand elles n’ont aucune relation avec notre connaissance.

Si l’on substitue, n’importe où, à cette série infinie les centres de force dépourvus d’étendue, on renonce au principe de la clarté sensible (36). C’est une conception transcendante, comme l’action à distance, et la question de savoir si et comment ces conceptions sont admissibles ne peut plus guère être vidée par un renvoi pur et simple aux principes de la théorie de la connaissance, de Kant, aujourd’hui que ces conceptions nous assaillent en masse. Il faut laisser faire ceux qui ont besoin de semblables conceptions, et voir ce qui en résultera. Si jamais, comme le physicien Mach (37) le croit possible, de l’hypothèse d’un espace ayant plus de trois dimensions devait résulter une explication claire et décisive d’un phénomène réel, ou si, avec Zœllner (38), de l’obscurité du ciel et d’autres phénomènes dûment constatés, il fallait conclure que notre espace est non euclidien, il serait absolument nécessaire de soumettre à une révision complète toute la théorie de la connaissance. Jusqu’à présent, il n’y a aucun motif obligatoire pour procéder à cette révision ; mais la théorie de la connaissance non plus ne peut devenir dogmatique. Ici, par conséquent, toutes les opinions sont permises. Celui qui tient à la clarté sensible tombe dans la voie de la division à l’infini ; celui qui n’y tient pas quitte le terrain solide sur lequel jusqu’ici nos sciences ont accompli tous leurs progrès. Il est difficile de découvrir un sentier sur entre ces Charybde et Scylla.

La loi, aujourd’hui regardée comme si importante, de la conservation de la force, exerce une influence considérable sur notre appréciation des rapports entre la force et la matière. On peut l’entendre de différentes manières. Ainsi d’abord l’on peut admettre que les éléments chimiques ont certaines propriétés invariables, avec lesquelles le mécanisme général des atomes coopère pour provoquer la naissance des phénomènes ; ensuite on peut aussi supposer que les pro-