Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/255

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moins cette stabilité avec l’opinion de Helmholtz, bien qu’elle nous semble la plus vraie d’après lui, maintenant encore, il faut chercher dans la gravitation la cause principale de la conservation de la chaleur solaire (45). Le soleil se contracte, diminue de circonférence ; pendant ce temps, de la force vive se transforme en chaleur. Mais ce processus devra finir un jour, cela se comprend sans peine. On ne saurait imaginer de mouvement produisant de la chaleur, sans consommation d’énergie sensible. Quelque hypothèse que l’on puisse donc poser relativement à la chaleur du soleil, la conclusion sera toujours que la source de cette chaleur est épuisable, tandis que la consommation se poursuit en quelque sorte indéfiniment. On devra toujours conclure que, dans le cours des périodes éternelles, toute la durée de la lumière et de la chaleur solaires qui nous paraît illimitée aura non-seulement son terme, mais encore que la chaleur solaire disparaîtra complétement.

Enfin, comme conséquence pure et simple de la théorie mécanique de la chaleur, l’extinction de toute vie pour l’univers entier semble pareillement inévitable. Ce genre de mort coïncidera, pour notre Terre, avec l’extinction du soleil La force vive peut toujours se transformer en chaleur ; mais la chaleur ne peut se changer en force vive que lorsqu’elle passe d’un corps plus chaud à un corps plus froid. Avec l’équilibre de la température, dans un système quelconque, cesse la possibilité de transformations ultérieures et aussi, par conséquent, de toute espèce de vie. Le contenu de la transformation ou l’« entropie », d’après Clausius, est arrivé à son maximum (46). Cette conclusion, qui repose sur des arguments mathématiques péremptoires, est-elle applicable, dans le sens le plus strict du mot, à l’univers entier ? Cela dépend essentiellement des idées que l’on se fait de i’infinité de l’univers, et l’on revient ainsi sur un terrain de nature transcendante. En effet, rien n’empêche notre imagination de multiplier à volonté ces systèmes de mondes éteints, de les