Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/302

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aussi bien se produire ; mais on voit qu’il s’est opéré ici un mouvement sur une voie, pour ainsi dire, tracée d’avance (76).

Toute la difficulté consiste à saisir exactement l’idée de la loi de développement. Ce mot a un son suspect pour l’oreille de plus d’un naturaliste ; c’est à peu près comme s’il était question d’un « plan de la création » et que l’on pensât à l’action réitérée et graduelle de forces surnaturelles. Mais il n’existe pas la moindre raison de présupposer dans les causes internes dont il est ici question, une intervention mystique quelconque dans la marche ordinaire des forces de la nature. Ainsi la « loi de développement », d’après laquelle les organismes s’élèvent par une gradation déterminée, peut donc aussi n’être pas autre chose que le concours des lois générales de la nature, envisagées dans leur harmonieuse unité pour produire le phénomène du développement. La « loi de développement » de Kœlliker, aussi bien que les nombreuses lois morphologiques posées par Hæckel, est, au point de vue logique, tout d’abord simplement une « loi dite « empirique », c’est-à-dire un résumé, fourni par l’expérience, de certaines règles des phénomènes naturels, dont nous ne connaissons pas encore les causes dernières. Nous pouvons cependant essayer de nous faire une idée des vraies causes naturelles qui servent de base à la loi de développement, ne fût-ce que pour montrer qu’il n’y a nullement lieu de recourir à une conception mystique.

Hæckel a émis la pensée que sa théorie des plastides doit être ramenée à une théorie du carbone, c’est-à-dire qu’il faut chercher dans la nature du carbone — d’une manière, il est vrai, encore complètement obscure — la cause des mouvements particuliers que nous remarquons dans le protoplasme et que nous considérons comme les éléments de tous les phénomènes vitaux. Cette pensée n’est pas une acquisition importante ; mais nous pouvons l’utiliser pour éclairer notre idée de l’essence de la loi de développement.

Si nous examinons de plus près la chimie des combinai-