Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/338

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plus anciens, cet auxiliaire, le plus important de tous ceux que possède l’humanité (10). « L’animal, dit Vogt, se réjouit à la vue d’un feu allumé fortuitement ; l’homme tâche de le conserver, de le produire et de s’en servir dans des buts différents. » Il est de fait qu’un champion de la différence absolue entre l’homme et l’animal ne pourrait trouver un plus bel argument, pour défendre son opinion à l’encontre des découvertes les plus récentes. C’est justement la prévoyance, la sollicitude pour des besoins futurs qui a conduit l’homme pas à pas vers une culture supérieure ; c’est aussi ce qui nous paraît un trait caractéristique de ces temps primitifs si éloignés de nous. Malgré cela, en réfléchissant mûrement, il est évident que nous ne savons rien de la différence absolue qu’on prétend exister entre l’homme et l’animal, et que, dans le ressort de la science, nous ne trouvons pas la moindre raison pour soutenir des idées semblables. Nous ne savons ni jusqu’à quel degré le monde animal pourra se développer ultérieurement (11), ni par quels degrés a dû passer l’homme avant d’arriver au point d’entretenir le feu et de le faire servir à ses besoins.

On a mis une extrême perspicacité à combiner les résultats de quelques trouvailles pour conclure ici à des restes d’un repas de cannibales, là à des cérémonies funèbres. Nous passons sous silence ces intéressantes dissertations, pour mentionner en quelques mots les conclusions formulées sur l’organisation des hommes de l’époque diluvienne, conclusions fondées sur la structure des parties de squelette que l’on a découvertes. Ici malheureusement il faut avouer que les matériaux sont très-insuffisants. La trouvaille d’Aurignac, peut-être la plus intéressante de toutes, est devenue la preuve monumentale de l’ignorance d’un médecin[1], qui

  1. C’est le docteur Amiel, alors maire d’Aurignac, qui, suivant l’énergique expression de Carl Vogt, « a commis ce crime de lèse-science ». (Note du trad.)