Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/387

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La physiologie également n’est pas restée inactive dans l’intervalle elle nous a appris que les processus de tous les nerfs, dans l’état d’excitation, sont essentiellement les mêmes (neurilité) (32). Il n’y a pas de processus nerveux distincts pour la sensation et le mouvement le processus physique est essentiellement le même dans tous les cas d’excitation d’un nerf ; il ne diffère que par la force ou la faiblesse, la rapidité ou la lenteur, etc. D’ailleurs toute fibre irritée à une partie quelconque de son parcours transmet aussi bien par la voie centrifuge que par la voie centripète ; seulement dans les fibres sensitives, la première direction ; dans les fibres motrices, la dernière reste inefficace. Nous avons donc déjà ici, dans un cas tout à fait sûr, le principe qu’une direction qui s’étend en plusieurs sens n’est pourtant efficace que sur l’une de ses voies, et rien ne nous empêche d’appliquer ce principe, dans la mesure la plus large, aux fonctions du cerveau (32).

Enfin l’expérimentation directe a aussi rempli son office. Les expériences de Hitzig et de Nothnagel en Allemagne, de Ferrier en Angleterre, ont montré que l’écorce des lobes antérieurs du cerveau exerce de l’influence sur des mouvements déterminés. Un lapin, par exemple, dont une patte antérieure est affectée par la destruction d’une petite portion déterminée de l’écorce cérébrale, n’est pas précisément paralysé ; il peut bien encore exécuter quelques mouvements combinés, tels qu’ils peuvent se produire dans les centres inférieurs ; mais l’animal est indécis, il pose sa patte obliquement, laisse placer, sans résistance, la patte malade dans une autre position, et paraît ne pas avoir nettement conscience de l’état de ce membre. Quoique les animaux finissent par périr à la suite d’une lésion faite au cerveau, cependant un espace de six à dix jours, si l’animal vit encore assez longtemps, suffit pour supprimer le trouble produit dans les mouvements. Comment expliquer cela ? Un des auteurs de ces expériences, Nothnagel, croit qu’il s’agit, en quelque sorte, d’une paralysie partielle du « sens muscu-