Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/390

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du monde à entrevoir pourquoi la « station finale » d’une voie psychique ou la place d’origine d’une « faculté » ne pourrait pas, comme toute autre partie du cerveau, être remplacée dans son activité par des voies nouvelles.

Ici pourrait s’élever sur le terrain de l’ancienne psychologie encore un autre scrupule, assez étrange, mais digne cependant d’être mentionné, parce qu’il faut poursuivre les préjugés de cette espèce jusque dans leur dernier refuge. On pourrait en effet être choqué de ce que l’impulsion volontaire, ayant pour but de mouvoir une partie déterminée du corps, est anéantie, tandis que la domination de la volonté sur les autres parties continue à exister. La volonté elle-même, qui est pourtant quelque chose d’unitaire, n’apparaît par là que comme une somme de fonctions partielles. — Mais pourquoi donc pas ? devra-t-on demander encore ici ; car d’abord nous ne savons absolument rien si ce n’est que certains actes de l’animal disparaissent et reparaissent, après qu’une certaine partie du cerveau a été lésée. Cesactes sont de l’espèce de ceux dont la connexion causale est la plus compliquée et que nous attribuons à une « volonté ». Mais que savons-nous donc de cette volonté ? Abstraction faite des inventions des psychologues, rien du tout, excepté ce que nous trouvons dans les faits, dans les manifestations de la vie. Si, en un certain sens, on a raison de parler de l’unité de la volonté, cette unité ne peut exister que dans la forme : unité du caractère, du mode et de la manière. Mais cette unité formelle appartient aussi à la somme des manifestations particulières de la vie et, au fond, uniquement à cette somme. Quand, avec cela, nous parlons de « volonté », nous ajoutons un mot compréhensif pour ce groupe de phénomènes vitaux. Mettre une réalité distincte sous le mot, c’est dépasser les données de l’expérience et par conséquent cela est nul scientifiquement.

Maintenant nous saurons pareillement s’il faut nous attendre ou non à pouvoir constater une « stricte localisation