Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/394

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tous les cas, de bonnes raisons pour ne pas assigner à la représentation de cette activité visant un but et à la volonté de la provoquer d’autre siège que la partie de l’écorce du cerveau dans laquelle cette activité elle-même prend naissance.

Il faudrait qu’il en fût tout autrement, si nous n’avions pas de notre propre activité musculaire une conscience immédiate, qui doit être rangée au membre des sensations, dans la plus large acception du mot. On devrait alors admettre que, dans un centre sensitif quelconque, se formerait la représentation de l’acte en question, et que, partant de là, une transmission s’effectuerait jusqu’au mécanisme du système moteur ; mais, suivant toutes les probabilités, les deux espèces de « représentation » doivent être regardées comme juxtaposées, pour répondre aux exigences d’une psychologie rationnelle. La représentation d’une action, par exemple de la course, telle qu’elle pourrait se former dans un centre sensitif, ne peut sans doute jamais être, lorsqu’elle résulte des images des objets, absolument la même chose que la représentation qui naît spontanément. Cependant toutes deux peuvent rendre les mêmes services dans une série d’idées. Ainsi nous pouvons, en poursuivant un récit, développer en nous les images tranquillement et objectivement ; mais, quand notre émotion est plus vive, nous avons coutume de nous mettre à la place du personnage en action, et alors chacun peut remarquer sur soi-même que la représentation d’un coup est souvent unie à une sensation dans le bras ; la représentation d’un saut à un désir de sauter. Chez l’homme s’ajoute le langage comme le foyer le plus important des représentations, et ici il n’est finalement guère possible de douter que la représentation du mot ait son siège là où il est produit. On a déjà souvent remarqué que notre pensée est un langage à voix basse, en quelque sorte interne. Mais quiconque fait bien attention remarquera très-facilement qu’à ce langage « interne » se joi-