Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/398

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confrères. Une heure n’est pas écoulée que, de retour chez lui, il se jette de nouveau dans son fauteuil en soupirant Dieu merci, j’ai paré le plus mauvais coup ; maintenant, réfléchissons ! »

Voilà une belle occasion de faire un tableau psychologique ! Frayeur, espérance, sensation, calcul, — ruine, victoire, sont accumulés en un instant. Et tout cela provoqué par une seule représentation Que n’embrasse pas la conscience humaine !

Doucement ! Examinons notre homme comme objet du monde matériel. — Il se lève brusquement. Pourquoi se lève-t-il brusquement ? Ses muscles se sont contractés comme le cas l’exigeait. Pourquoi ? Ils furent frappés par une impulsion de l’activité nerveuse, qui rendit libre la provision de force de tension emmagasinée. D’où vient cette impulsion ? Du centre du système nerveux. Comment y naquit-elle ? Par l’ —— « âme ». Le rideau tombe ; un saut périlleux nous a fait passer de la science dans la mythologie.

Pourtant nous voulions un matérialisme logique. Que l’âme soit le cerveau ! L’impulsion est donc sortie du cerveau. Si maintenant nous nous arrêtons ici, la question sera tout aussi mythique qu’auparavant. Tout cela n’est d’aucun secours. Suivons, il le faut, la série causale physique, sans tenir aucun compte de ce qu’on appelle la conscience, à travers le cerveau, jusqu’à l’origine première de tout ce mouvement subit. Ou bien devons-nous prendre le chemin opposé ? Qu’est-ce qui est entré dans cet homme ? L’image de quelques traits marqués au crayon sur du papier blanc. Certains rayons de lumière atteignirent la rétine, lesquels par leurs vibrations ne développèrent en soi pas plus de force vive que d’autres rayons de lumière. La force vive pour le processus de transmission est préparée dans le nerf, comme celle de la contraction musculaire, dans les muscler ; elle ne peut qu’être dégagée par l’impulsion infiniment faible de l’ondulation lumineuse, comme les forces de